Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le quotidien d'un directeur d'école
24 janvier 2006

Représentation des enfants et statut des adultes.

Je reçois deux élèves au bureau. Un garçon, une fille de CM2. J’ai demandé à leur enseignante de me les envoyer. En effet, ils ont refusé à plusieurs reprises de répondre aux injonctions de leur intervenant en langue étrangère. La maîtresse était présente dans la classe et n’a pas su quoi faire, la situation risquant de s’envenimer.

J’ai bien compris à leurs explications, qu’ils n’étaient pas dans une simple provocation mais que leur attitude avait été déterminée par le statut qu’ils conféraient à cette intervenante, placée dans leur représentation sur l’échelle sociale, quelques marches sous leur enseignante.

Il est vrai qu’il est difficile pour des élèves de primaire d’appréhender les relations avec d’autres adultes référents que leur enseignant attitré et à temps plein.

C’est pourquoi, nous multiplions les décloisonnements : échange de service entre profs : par exemple, je fais l’histoire pour les trois classes de CM2 et en échange, l’un vient faire géographie et l’autre sciences.

Cela explique aussi les difficultés d’adaptation que rencontre certains élèves au collège quand ils se retrouvent en sixième avec une petite dizaine de professeurs différents.

A ce sujet, l’idée d’avoir, au moins en début d’études secondaires des professeurs bivalents n’est peut-être pas si mauvaise que ça. Je sais que cette proposition n’a pas les faveurs de mes collègues de collège mais comment expliquer qu’un professeur des écoles soit capable d’enseigner toutes les matières, le français, les mathématiques, l’histoire, la géographie, les sciences, la technologie, l’informatique, l’Education Physique et sportive, les arts plastiques, l’éducation civique, l’éducation musicale, à part les langues étrangères (pour ceux qui n’ont pas l’agrément),

Et que, une fois arrivé en sixième, soit l’année qui suit, il faille absolument un professeur par discipline !

Revenons au sujet :

La fille, brillante, dotée d’une forte personnalité, admit non sans mal que son comportement était provocateur et irrespectueux., après s’être cherché toutes sortes d’excuses. Le garçon, plus écorché vif, essaya de louvoyer, de déplacer le problème mais tous deux finirent par reconnaître qu’ils auraient obéi sans problème à la même consigne donnée par leur enseignante.

J’espère leur avoir fait comprendre, eux qui sont si sensibles aux injustices, que c’en était une !   Et de taille !

Puisse la leçon leur servir plus tard. Et puissent les médias, les politiques et d’autres tenir le même langage.

Publicité
Commentaires
E
Une petite réaction face à votre proposition de bivalence des profs....tout au moins en collège...Il me semble que l'enseignement des sciences, des mathématiques en particulier, à l'école primaire est bien la preuve qu'on ne peut enseigner bien que ce que l'on domine : nombre d'enseignants ne font pas véritablement des sciences (pas d'expériences, évaluations sans réflexion...et j'en passe)et ne font que suivre le livre, sans toujours s'apercevoir de la portée de l'exercice donné...<br /> Au contraire, une bonne maîtrise de la matière enseignée permet d'etre plus créateur, plus inventif et de, peut-etre, laisser un peu moins d'enfants au bord de la route...du savoir...?
Publicité
Publicité