Ethique et responsabilité
Encore trois élèves de trois classes différentes dans le couloir en cet après-midi. Exclus temporairement de la classe. Les portes sont fermées et les élèves livrés à eux-mêmes. Je vous laisse imaginer ce qui peut se passer.
Et pourtant, des consignes strictes ont été données depuis le début de l’année. De nombreux rappels ont été faits verbalement. Sur les trois enseignants concernés, deux sont un peu excusables : erreur de débutant. L’un est parmi nous depuis fin octobre et n’a pas eu de formation : les fameux « Liste Complémentaire » ; l’autre est un débutant tout frais sorti de l’IUFM. C’est sa première année entière sur le terrain et les tâches à appréhender sont multiples. Ils n’ont pas encore vraiment mesuré les risques potentiels. La troisième est une vétérante : plus de trente-cinq années d’expérience…
Habituellement, je frappe à la porte et demande à l’enseignant de faire rentrer l’élève ou de laisser la porte ouverte s’il peut assurer qu’il gardera un œil sur lui. Mais ce système ne doit pas être bien efficace puisque cette situation se reproduit régulièrement. De plus il peut mettre l’enseignant en porte-à-faux devant ses élèves, ce qui n’est vraiment pas le but.
J’ai donc adopté une autre façon de faire en prenant appui sur l’adage : « Les paroles s’envolent, les écrits restent » Un petit mot sous pli fermé que leur fait parvenir la femme de service qui passe le cahier de liaison.
Sur les trois écrits : une réponse. De l’enseignante expérimentée qui ne voit vraiment pas comment elle peut attendre qu’un élève récalcitrant veuille bien rentrer en classe et qui décide donc de commencer son cours en fermant la porte sans se soucier de ce qui pourrait arriver !
Une sacrée pendule à remettre à l’heure. D’autant plus que j’ai déjà eu cette discussion avec elle, lui proposant en cas de soucis avec un élève soit de me l’envoyer ou de m’envoyer un commissionnaire pour me prévenir de venir le chercher, soit de le confier à un de ses collègues.
Cette histoire pose également le problème de la parole du directeur. N’étant pas des supérieurs hiérarchiques, dans ce genre de situation, il nous manque une carte dans notre jeu. Reste le dialogue et la persuasion. C’est peut-être mieux si on y arrive avant l’accident…