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Le quotidien d'un directeur d'école
4 mars 2006

Retards à l’école

Une tâche importante le matin : accueillir les retardataires. Quand je suis arrivé dans cette école, de mauvaises habitudes avaient été prises. L’enseignant qui était de service à l’entrée prolongeait de 5 à 10 minutes l’heure de fermeture de la grille. De plus, il n’hésitait pas quand un élève l’appelait à retourner ouvrir au retardataire. Cela avait deux conséquences : sa classe perdait chaque jour le même temps d’enseignement et les élèves ne se préoccupaient pas d’arriver à l’heure.

Il a fallu tout d’abord mettre au point un système pour que chaque enfant en retard se présente à mon bureau pour y retirer une autorisation d’entrer en classe. Il a fallu ensuite convaincre les enseignants de ne plus accueillir d’enfants non porteurs de ce billet. Cela m’a permis d’une part de tenir un compte rigoureux des retards, un peu comme au collège, d’interroger l’enfant sur la cause de celui-ci et de pouvoir éventuellement y remédier. Ensuite, au bout de trois retards, j’envoie systématiquement un courrier, par la poste, aux parents. En cas de récidive, après six retards, c’est une convocation des parents pour que nous puissions échanger sur les façons de remédier à cette situation.

Je me réserve également le droit, c’est dans le règlement de l’école, de sanctionner les multirécidivistes.

Il a fallu également prendre progressivement la place du collègue qui était attaché à son poste à l’entrée. Cela n’a pas été le plus facile et a été très progressif mais son départ en congé de longue maladie a finalement supprimé cet obstacle.

Le délai accordé aux retardataires s’est réduit progressivement et il est possible maintenant de fermer à l’heure juste.

N’ayez crainte, les élèves en retard peuvent toujours nous rejoindre mais il leur faut alors rejoindre l’autre entrée, gérée par la gardienne, et cela les oblige à une marche supplémentaire. Connaissant la tendance naturelle de certains à la paresse, cela n’a pas été le moindre des arguments pour arriver à l’heure.

Aujourd’hui, la situation est assainie et le nombre de retardataires en diminution constante.

Mais il y en a encore. D’où cette chronique aujourd’hui. Une multirécidiviste actuellement en CM2 et recordwoman de la catégorie, bien que ses performances soient en baisse. D’une quarantaine de retard par an en CP et une trentaine en CE1, elle arrive aujourd’hui à son quatrième retard début mars, avec un record personnel de deux mois sans aucun retard ! Je compte d’ailleurs lui offrir un réveil à la fin de l’année pour l’accompagner pour son entrée au collège. Elle bénéficiera –si l’on peut dire- tout de même d’une santion (minime) : il ne faut pas relâcher la pression.

La deuxième multirécidiviste (six retards depuis le début de l’année) m’inquiète davantage. Elle n’était jamais en retard les années passées et ce changement indique peut-être des difficultés particulières dans la famille, sur lesquelles il va falloir se pencher. D’où l’intérêt de la rencontre avec les parents. D’autant plus que mon premier courrier n’a déclenché aucun type de réaction et ne m’est pas encore revenu signé.

Ce dispositif est bien évidemment une contrainte car il y a souvent bien d’autres choses à faire le matin à l’heure de début des classes mais il porte ses fruits et démontre, s’il en était besoin, qu’il ne faut pas baisser les bras et juger les élèves de nos quartiers, indignes de se confronter à la règle.

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