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Le quotidien d'un directeur d'école
9 mars 2006

Petits bobos et grandes souffrances

Y’a des jours comme ça…

Aujourd’hui, le thème retenu par le hasard était celui de la santé.

Une nième épidémie de gastro fit défiler dans mon bureau de nombreux candidats à un retour avancé dans leurs foyers.

C’est à ce moment que ça se gâte. Les fiches remplies en début d’année ne sont pas forcément à jour. Les numéros de téléphone fournis ne sont plus attribués. De même pour les portables qui ont souvent changé de propriétaire. Quand aux lieux de travail déclarés, on me répond souvent que la personne que je demande est partie depuis longtemps ou bien n’était là que pour un stage.

On mesure bien à ces indicateurs, la paupérisation croissante de notre population ainsi que la précarité qu’elle vit au quotidien.

N’ayant pas d’infirmerie –sur un groupe scolaire qui compte environ mille enfants- le malade n’aura que le choix d’attendre l’heure de la sortie en dormant sur son pupitre.

Pour les plus chanceux, ce n’est pas fini. Il faut encore que quelqu’un puisse venir les chercher. Sachant qu’il nous est interdit de confier les enfants à d’autres personnes que leurs responsables légaux. Il arrive quand même de faire des dérogations pour les frères et sœurs quand ils sont majeurs et que les parents sont d’accord. Mais certains parents ont du mal à admettre que leur enfant ne peut pas rentrer seul ou accompagné d’un à peine plus grand que lui.

Deuxième problème, il faudra déceler dans les candidats les éventuels simulateurs dont les maux de ventre sont plus dus au contrôle qui se profile à l’horizon qu’à un virus reconnu. Certains sont passés maîtres dans cet art et certains parents excédés d’avoir quitté déjà plusieurs fois leur travail pour constater que leur enfant allait beaucoup mieux dès qu’il était installé devant la télé à la maison, ne veulent même plus et à juste titre se déranger.

Autre cas de figure : l’enfant déjà malade en arrivant. En général ses parents sont au courant mais ont jugé plus utile de nous faire jouer le rôle de garde-malade. Ils seront souvent injoignables. Il en est même qui récidivent le lendemain malgré le mot écrit sur le cahier de correspondance et les recommandations faites à l’enfant.

C’est quelquefois l’inverse, les parents ont voulu garder l’enfant mais celui-ci, accro à l’école, a absolument voulu faire l’effort de venir.

Dans le même genre, ceux qui arrivent avec leurs médicaments, malgré l’interdiction formelle qui figure dans le règlement signé en début d’année. Il n’y a plus qu’à s’exécuter et là aussi faire office d’infirmier. Si on a de la chance, l’ordonnance a été glissée avec les médicaments. Sinon, il faudra essayer de joindre le responsable.

Pour chacun de ces enfants, il va falloir trouver le mot juste, les propos qui rassurent, la bonne écoute. Certains vivent ces situations très mal.

Eh bien aujourd’hui, j’ai eu un ou plusieurs cas de chaque catégorie. Ils se sont donnés le mot ou quoi ?

J’ai même dû raccompagner un enfant chez lui. La maman ne pouvant pas se déplacer avec son nouveau-né. Surprise des personnes rencontrées dans l’ascenseur avec qui j’entamais la conversation. Ils me demandèrent si cela faisait partie de mon travail.

A votre avis ?

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Commentaires
@
cela ne fait certainement pas partie de votre travail mais montre combien vous le prenez à coeur<br /> peu de directeurs ou d'instituteurs seraient capables ne serait-ce qu'y penser, tant ils sont "coulés dans le moule"...
E
évidemment NON, je pense que ton IEN ne va pas être très content s'il lit ton blog....d'ailleurs le lit-il ?
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