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Le quotidien d'un directeur d'école
13 mars 2006

Gens du voyage et Rroms

Quatre fois par an, en général le samedi matin, nous avons droit à une formation continue. J’avais déjà eu l’occasion d’en parler  quand notre administration était revenue sur l’engagement pris l’an dernier.

Cette année, nous avions donc le choix, si l’on peut dire, entre plusieurs sujets .

Entre autres, les  enfants migrants. Plus particulièrement des enfants du voyage et les Rroms. Ce fut une conférence très intéressante même si la scolarisation de ces populations ne va pas sans nous poser de nouveaux problèmes.

Car, en plus des difficultés cumulées dans nos quartiers sensibles : taux de chômage, nombre d’allocataires du RMI, enfants hébergés, familles  sans papiers et squatteurs, nous accueillions également dans certaines de nos écoles quelques enfants du voyage et quelques roms de Roumanie (appellation officielle Rrom). Il y a une différence notable entre les deux populations. La première que l’on appelle couramment gens du voyage est une  population implantée en France depuis longtemps ( certains depuis le XIIIème siècle) mais itinérante, quoique de moins en moins. Ils sont 350 000 en France et 70% sont maintenant sédentarisés. Pour ces gens que l’on appelle manouches ou gitans, l’école n’est pas vraiment importante.  La scolarisation en maternelle y est très rare. De même pour le collège. Les enfants restent avec leur mère jusqu’à l’âge de huit ans et sont considérés comme adultes à partir de  douze ans.  Les garçons travaillent  alors avec leur père et les filles aident leur mère.

La disparition des petits métiers qui leur étaient réservés ont entraîné leur sédentarisation. Ne restent que les forains et les gens du cirque qui quelquefois possèdent leur propre enseignant.

La loi Besson qui oblige les communes à aménager un terrain d’accueil pour les gens du voyage est loin d’être  appliquée partout et cela ne favorise pas la scolarisation des enfants et entraîne l’itinérance des ces personnes qui ne sont aceptées nulle part.

Une nouvelle population est venue s’ajouter. Celle des Rroms que l’on confond souvent avec les gens du voyage. En fait, ce sont des tziganes venus de Roumanie où ils sont victimes de discrimination  économique et de racisme.  Sédentaires, ils sont ici installés dans des bidonvilles et  vivent de la mendicité, de la récupération de métaux  et divers petits boulots. Certains réseaux alimentent également une prostitution de filles très jeunes.

Quelques associations s’occupent d’eux. Ils ne sont en général pas expulsables car détenteurs d’un visa de tourisme. Des tentatives de scolarisation ont lieu. Quelquefois avec succès.  Pour l’instant, l’état refuse de régler ce problème et se contente de faire expulser ces bidonvilles sans se soucier de savoir ce que vont devenir les personnes qui y habitaient.

Tous ces enfants ont bien entendu besoin de l’école. Ils y ont, d’après la loi, toute leur place et leurs difficultés doivent être prises en compte.

Les moyens qui y sont consacrés sont évidemment insuffisants et il est regrettable de constater qu’une fois de plus, ce sont les écoles confrontées déjà à de nombreuses difficultés qui vont devoir accueillir ces nouveaux élèves.

A force de charger la barque, elle peut finir par couler…

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