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Le quotidien d'un directeur d'école
23 mars 2006

Grosse fatigue.

De nouveau, les mêmes élèves dans le bureau. Cinq élèves d’une même classe, perturbateurs depuis le début de l’année. Le sixième a, lui, été changé de classe, la maitresse n’en pouvant plus.

Nous avons déjà essayé beaucoup de chose avec eux. Rendez-vous réguliers avec les parents. Mise en place d’un contrat hebdomadaire qui mesure les progrès en comportement et en travail. Prise en charge par le réseau d’aide et par une bénévole qui vient nous aider une fois par semaine. Nous avons connu des périodes où cela allait mieux mais rien ne dure. Il faut sans arrêt recommencer, redire, dialoguer,  sanctionner quand c’est nécessaire.

Ces enfants ont tous des parcours qui peuvent expliquer, sans l’excuser, leur comportement. Pour faire court :

L’un d’eux n’a pas connu son père qui était militaire en Algérie, maintenant décédé. Sa grand sœur très brillante doit lui faire de l’ombre. Il se trouve être le vilain petit canard. La venue d’un bébé dans la famille, sa mère s’étant remariée ne doit pas aider les choses.

Le deuxième a été séparé de sa mère à l’âge de neuf mois, élevé par sa grand mère pendant deux ans. Il n’a pas reconnu sa mère quand elle l’a récupéré. Sa mère, seule pour élever ses trois enfants, fait preuve de beaucoup de courage mais a des horaires de travail qui l’empêchent d’être aussi présente qu’elle le souhaiterait.

Le troisième, issu d’une famille polygame, logée dans de très mauvaises conditions a certainement du mal à trouver sa place dans tous les sens du terme. Les grands frères mariés avec enfants sont toujours présents par manque de logements sociaux. Nous en avons pourtant 45% sur la commune !

Pour les deux autres,  « issus de l’immigration » comme on dit (sauf de M. Sarkozy), il faut mesurer les difficultés d’intégration. Pour l’un d’eux : les trois grands frères bardés de diplômes n’ont toujours pas de travail. Quelle motivation pour le plus jeune ?

Je pourrais continuer à égrener ces parcours dans lesquels on mesure bien la misère sociale, la précarité et les problèmes familiaux et/ou affectifs qui quelquefois en découlent.

Comment s’en sortir ? Nous allons persévérer dans notre démarche mais franchement, nous ne nous sentons pas soutenus. Plutôt que de démission des parents, il faudrait parler de démission de la République. Qui s’étonnera quand de nouveau les banlieues s’enflammeront ? Ces enfants-là sont les citoyens de demain.

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