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Le quotidien d'un directeur d'école
11 avril 2006

Les mamans tigresses.

C’est peut-être les plus délicats des conflits à régler. Il m’arrive très rarement de mettre en présence les mères de deux élèves impliqués dans un histoire non résolue. En général, je les reçois séparément et m’efforce de tenir l’une et l’autre informée des suites.

Malgré tout, il ait des cas où cela devient nécessaire.

Au départ, une histoire de stylo vraiment sans importance. Une élève est soupçonnée par sa camarade de lui avoir dérobé son stylo. Les deux fillettes, actuellement en CM1, sont toutes les deux des élèves gentilles, n’ayant jamais posé de problèmes particuliers. Cette histoire aurait pu se régler très facilement.

Mais hélas, la maman s’en mêle à la sortie, fouille dans le cartable de l’accusée, trouve le stylo ou un stylo semblable et s’en empare.

La petite vit très mal la chose, elle rentre chez elle en pleurant et aux dires de la mère en a l’appétit coupé.

La grande sœur, sans en référer à sa mère, accompagnée de quelques camarades, accompagne la petite à l’école et s’en prend violemment à la mère qui a pris le stylo, la menace, profère des insultes à caractère raciste. (L’une des familles est d’origine maghrébine et l’autre d’Afrique de l’Ouest.)

La maman agressée décide enfin de venir me parler de cette histoire avant d’aller porter plainte.

Il me fallut déployer des trésors de diplomatie avoir entendu toutes les parties pour les convaincre de se rencontrer dans mon bureau. Une semaine environ de discussions multiples Seule solution qui, à mes yeux nous permettrait de débloquer la situation qui menaçait de s’envenimer.

L’entrevue dura presque une heure. Dont un dialogue de sourdes pendant les premiers trois quarts d’heure. Les premières quinze minutes pouvant déraper dans la violence autre que verbale. Heureusement, il n’en fut rien.

L’une des mamans refusait obstinément de regarder l’autre. Puis à force d’arguments, j’amenais chacune à reconnaître ses torts. L’une finit par admettre qu’elle n’aurait pas du récupérer le stylo et traiter l’affaire sur le trottoir mais venir m’en parler auparavant. L’autre reconnaissant que sa fille aînée s’était très mal conduite et qu’elle aurait,, elle aussi, du venir à l’école m’en parler.

Les deux mamans finirent par se quitter après s’être entendues. J’espère les avoir convaincues qu’au-delà de leurs origines différentes, elles étaient bien les mêmes mamans, élevant correctement leurs enfants et les défendant face aux agressions du monde extérieur. Ce qui était leur rôle. Encore faut-il en respecter certaines règles.

Je pris conscience que ce résultat n’avait pu être possible que par la confiance et la reconnaissance qu’elles m’accordaient l’une et l’autre, fruits d’un long travail entrepris depuis mon arrivée dans cette école. Je connaissais bien ces mamans. J’avais eu l’occasion à plusieurs reprises de leur apporter une aide et de les écouter attentivement. Elles avaient toujours été bien reçues à l’école et nous avions un retour sur investissement.

Pour finir, je verrai les deux fillettes pour les rassurer, ainsi que la grande sœur, une de nos anciennes élèves qui aura droit à un cours de rattrapage sur la façon de se comporter et sur la meilleure façon d’appréhender les problèmes.

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