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Le quotidien d'un directeur d'école
29 mai 2006

Découragements (au pluriel)

Les décisions de la commission d’appel et de la CDES viennent de tomber.

Deux dossiers, deux échecs.

Beaucoup de temps pour rien et plus grave, deux enfants orientés en sixième banale alors qu’ils n’ont rien à y faire.

Le premier a connu une scolarité difficile : deux cp dans une école voisine avec un échec à la clef. Une ccpe prévue puis annulée au dernier moment car un retour au pays était annoncé.

Le retour fut de courte durée. Dès le mois de janvier, l’enfant était de nouveau présent et inscrit dans notre école en CE1. La maîtresse se démena beaucoup pour tenter de lui apprendre les rudiments de la lecture. Son comportement posait beaucoup de problème.

Le CE2 ne fut pas une réussite. Le temps de prévoir une ccpe et l’année était bien entamée. Nous obtenons tout de même une décision peu satisfaisante mais qui permit à l'’nstit de souffler un peu. Une déscolarisation partielle avec une prise en charge au CMPP &avec un rééducateur et une psychologue.

Il nous fallut beaucoup d’énergie pour convaincre la maman de l’accompagner. Sa fréquentation resta en pointillés la première année.

Son année de CM1 se déroula de la même façon avec des tentatives de rescolarisation permanente qui furent souvent des échecs. Une impossibilité de travailler en petits groupes avec la maîtresse d’adaptation. Il y était autant perturbateur que dans la classe. De plus en plus d’incidents violents eurent lieu pendant les récréations mais il accepta malgré tout de me suivre à chaque fois qu’on venait me chercher.

Cette année, sa dernière, il fut pris en charge à temps complet par une enseignante de CM2 qui lui consacra beaucoup d’énergie et de temps. Il n’acceptait de travailler qu’avec elle. Quand on a vingt-quatre autres élèves à préparer pour le collège, c’est un peu dur. Il termine l’année sans vraiment avoir appris à lire plus qu’au stade du déchiffrage très laborieux.

L’année fut difficile et je dus le garder à nombreuses reprises au bureau. Le dernier conflit m’inquiéta beaucoup. Alors que jusqu’à présent, il me suivait sans trop de difficultés, il refusa et se permit même de me bousculer. Il lui fallut beaucoup de temps pour revenir à de meilleures intentions.

Plusieurs réunions d’équipe éducative eurent lieu pour faire le point. La dernière en date vit l’ensemble des partenaires unanimes pour demander un placement en EREA (internat rééducatif) pour l’année suivante. Il nous paraissait aberrant dans son cas de demander une SEGPA et encore moins une sixième banale ! La maman était d’accord et très demandeuse car elle n’y arrivait plus. La psychologue souligna l’urgence qu’il y avait à s’occuper sérieusement de cet enfant fasciné par la transgression et le plaisir qu’il ressentait à prendre du pouvoir sur les adultes.

L’avis d la commission tomba comme un couperet : sixième de collège, pas même une SEGPA !

Combien de temps sera-t-il capable d’y rester ?

Comme m’a dit la maman, effondrée par la décision prise. Puisque l’éducation nationale n’est pas capable de l’orienter correctement, qu’ils se débrouillent maintenant.

Comment ne pas la comprendre ?

Cet enfant basculera certainement dans la délinquance et certains ne manqueront pas de s’interroger sur les raisons qui peuvent l’avoir amener là.

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