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Le quotidien d'un directeur d'école
10 juin 2006

Fumée blanche

Nouvelle réunion pour la répartition des classes l’an prochain. A la demande des collègues qui veulent voir le problème réglé.

Cette fois, il nous faut avancer. Ce sera, toutes proportions gardées, comme pour les papes, nous ne sortirons que quand une solution aura été trouvée. D’où le titre de cette chronique.

Cela durera trois heures. Des échanges intéressants et un lent et difficile travail vers une solution acceptée et prise en charge par tous.

Au départ une conviction : il est impensable de laisser aux nouveaux arrivants que nous ne connaissons pas encore des classes de CM2 qui comprendraient plusieurs enfants au comportement très difficile. D’abord parce que c’est interdit par les textes. Ensuite par principe. Ne pas reproduire ce que beaucoup d’entre nous ont vécu comme une injustice au début de leur carrière permettra peut-être d’avancer ou au moins de mettre ses idées en concordance avec ses actes. Personnellement, j’ai eu pour ma première année d’enseignement un CM2 poubelle. C’est ainsi qu’il était désigné. Composé de dix-sept élèves en très grandes difficultés scolaires. Un genre de perfectionnement. Heureusement à l’époque –eh oui, j’ai quelques cheveux blancs- les troubles du comportement n’étaient pas si pointus.

Au départ de la réunion, un constat implacable : En CM2, l’an prochain 11 élèves ayant de gros problèmes de comportement. Sept d’entre eux présentent aussi un retard scolaire important. Trois classes à pourvoir et aucun enseignant volontaire.

A l’arrivée, trois heures après, nous avons réussi à mettre sur pied un dispositif prenant en compte tous les paramètres et décider trois collègues de prendre ces classes.

En bref : pour l’un des élèves nous demandons un changement de secteur. Il n’est plus possible de le garder après les troubles graves qu’il a occasionnés. C’était un préalable à toute possibilité d’avancer. Espérons que notre hiérarchie nous suivra sur ce coup-là.

Pour les onze de CM2 auxquels il faut ajouter quatre de CM1 : mise en place d’un tutorat par un autre enseignant de l’école. De préférence du cycle II qui l’aurait connu plus petit quand cela s’était passé correctement. Ce tuteur deviendrait également classe d’accueil en cas de gros problème. Ce tuteur serait chargé de suivre le comportement et les progrès scolaires de l’enfant ainsi que d’une partie des relations avec les parents. Il s’agit là à la fois de palier les carences éducatives et d’essayer de responsabiliser les parents.

Pour les élèves qui présentent également des difficultés scolaires, ils seraient intégrés dans des classes de CE2 ou de CM1 suivant leur niveau pour des activités de français et de mathématiques. L’idée est

-de leur permettre d’être valorisé devant un travail qu’ils seraient capables d’accomplir,

-de décharger les enseignants de CM2 qui pourraient se consacrer à la préparation au collège des cinquante-cinq autres élèves qui doivent pouvoir étudier dans de meilleures conditions,

-de progresser dans les apprentissages pour ne pas perdre leur année de CM2.

Dernier point et non le moindre : Les relations avec les parents, suivies par le directeur, qui devront être régulières et permettre de faire le point et de pointer les progrès et les points qui continuent à poser problème.

Pour finir, tous ces points feront partie d’un contrat qui devra être accepté tant par les enfants que par les parents.

Sur ces bases, nous avons pu obtenir l’accord de trois enseignants pour prendre ces classes.

En espérant ne pas avoir construit une usine à gaz.

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Commentaires
A
Votre réponse pédagogique et collégiale est intéressante. Je vais naïvement poser une question très bête: n'y a-t-il pas des classes (ou des heures de soutien) qui sont accordées aux élèves les plus en difficulté au sein de votre établissement ? Il me semblait avoir vu ça il y a quelques années dans une école de ZEP.
P
Belle réflexion et beau projet. je souhaite qu'il porte ces fruits.<br /> Bon courage.
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