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Le quotidien d'un directeur d'école
7 octobre 2006

Journée de oufs

Ouf, journée finie. Assez tard.

Après avoir fait l’appel et réparti les élèves de la collègue absente depuis la veille, je peux aller au bureau.

Ca commence par la maman de J…, un de nos élèves en grosses difficultés de comportement. J’avais été obligé d’intervenir la veille car une élève terrorisée s’ était réfugiée dans mon bureau. J… voulait absolument lui casser la figure –et je suis poli- à la sortie. Violence purement gratuite ? Pas tout à fait, j’apprendrais qu’elle avait essayé de copier sur lui en classe. Un petit coup de fil et la maman fut mise au courant. Elle m’attendait donc pour éclaircir l’affaire. Une maman très concernée pas démissionnaire mais ayant des difficultés avec ses quatre enfants qu’elle élève seule. Le père, lui vit avec un autre femme avec qui il a aussi des enfants.

Pendant ce temps attendait Mme B…  Je la reçus ensuite. Sa fille est arrivée dans notre école cette année suite aux changements de secteur. Elle venait me voir car trois de mes élèves avaient agressé sa fille à la sortie de l’école puis, comme elle essayait de la défendre, l’avaient suivie chez elle en l’insultant copieusement et même en lui crachant dessus tout en essayant de s’en prendre  physiquement à sa fille. Bien entendu et hélas, les trois enfants ne m’étaient pas du tout inconnus. Elevés au sirop de la rue pour reprendre une expression déjà ancienne mais toujours d’actualité.

Le plus virulent a peu connu son père décédé jeune. Sa maman est maintenant remariée et a eu d’autres enfants mais le beau-père travaille beaucoup pour élever toute cette famille et n’est pas très présent. C’est avec une de ses cousines avec qui il traîne beaucoup qu’ils se sont rendus coupables de ces faits. La plus grande, doutant que cela se finirait mal a bien essayé de les en dissuader mais sans succès.

J’arriverai à joindre les parents et rendez-vous est pris pour le lendemain pour une explication dans mon bureau avant que les choses n’aillent plus loin. Le père de la fillette victime de l’agression ayant bien l’intention de déposer une plainte.

Pour suivre, une maîtresse me demande de recevoir trois de ses élèves qui se sont battus hier. Curieusement, ces trois-là sont nouveaux dans mon école. Ils semblent ne pas avoir encore assimilé les règles du vivre ensemble. C’est un phénomène que nous constatons souvent. La plupart des élèves ayant commencé leur scolarité ici ne nous posent pas vraiment de problèmes à l’exception de quelques cas.

C’est une histoire de ballon de foot qui a tout déclenché. Après l’effet coupe de monde 1998, nous avons maintenant l’effet Zidane 2006. Merci à lui !!!

La sanction sera bien évidemment un carton rouge : pas de foot à l’école pendant une semaine !

Le défilé continue et c’est maintenant deux élèves que je dois recevoir car ils se sont battus à la cantine hier. Ils avaient bien sûr les meilleures raisons du monde de le faire, ont beaucoup de mal à regretter leur geste et rendent l’autre responsable de tout. Un premier avertissement devrait sans doutes les calmer un moment. Là aussi ce sont deux nouveaux élèves dans l’école.

Entre temps, j’ai du m’occuper de deux élèves blessés, certainement une entorse. Beaucoup de mal à joindre les parents qui nous ont laissé des numéros de téléphone approximatifs.

Je dois encore recevoir une élève qui s’étant montrée violente envers un petit refuse de le reconnaître et de s’excuser. Le ton ayant monté avec la maîtresse de service nous étions à deux doigts d’un gros problème. Cette élève s’étant déjà permise de lever la main sur cette maîtresse, il y a deux ans. Elle avait été à l’époque sévèrement sanctionnée et depuis ne posait aucun problème. Mais depuis la rentrée, c’est la troisième fois qu’elle se montre violente. De plus la maman a écrit un mot sur son cahier de correspondance lui donnant entièrement raison !!! C’est pourtant quelqu’un avec qui nous avions de bons rapports. Il faudra que je la reçoive à nouveau. Je pense que son accouchement récent y est pour quelque chose.

J’essaye tant bien que mal de m’occuper des élèves qui font du bridge sur temps péri scolaire le midi. Ils doivent dire aujourd’hui s’ils continuent ou pas et je dois revoir les groupes en  fonction de ces décisions. Ca doit évidemment être prêt pour 11h30.

Je croyais déjeuner tranquille. C’était sans compter sur un autre incident. Un élève se plaint de crampes violentes et ne veut absolument pas manger. En fait, il s’agit certainement d’un claquage musculaire. C’est arrivé pendant le foot. Là aussi, il va nous falloir bricoler. Nous le transportons à deux, récupérons un tapis de gym et une couverture à la maternelle pour l’installer confortablement dans la bibliothèque en attendant l’arrivée de ses parents qui travaillent assez loin.

Ce sera ensuite un autre entorse. A priori l’enfant ne peut plus marcher du tout. Au téléphone sa maman m’assure qu’il est assez douillet. Mais c’est sans effet. Il ne veut rien savoir. Une voisine déléguée par la mère arrivera au bout d’une heure et demie.

Je recevrais ensuite de nouveau le petit N… C’est sa journée. Il est accusé par deux de ses camarades de les avoir copieusement insultés de façon très grossière. Il nie les faits mais cette fois de façon assez convaincante. Je suis troublé et lui laisse le bénéfice du doute. La maîtresse me confirmera que c’est peut-être un coup monté.

Entre temps, je me serais occupé des stagiaires intervenants musicaux pour faire le bilan de leur semaine,  tenté vainement de faire les comptes d’étude. Il faut encore faire des rappels pour les mauvais payeurs de septembre. Ce sera le quatrième …

Ensuite, ce sont les élèves à accompagner en musique puis les collègues qui viennent après la classe pour leur reliquat de commandes et pour finir l’intervenant sportif qui veut revoir les groupes de sport étude.

         Après avoir rencontré quelques parents que j’essaye de convaincre de s’inscrire pour les élections –je n’ai actuellement que deux personnes !- je peux enfin me consacrer à la préparation du conseil des maîtres du lendemain. En gros deux heures de boulot sans compter le photocopies à faire. Il va nous falloir travailler sur le projet d’école. Tout un programme.

         Comme projet, je verrais bien l’embauche d’un conseiller d’éducation et d’une infirmière. Non ?

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Commentaires
C
Je ne vais pas être original mais je vous souhaite bien du courrage. Moi vos p'tite canailles je les recupère vers 16 ans, je travaille en mission locale. <br /> Evidement je recupère ceux qui sortent du système scolaire en échec à 16 ans souvent après une SEGPA. Quelle claque pour eux passer du système scolaire au monde du travail... déjà pour les éléves qui ont fait des études c'est HARD mais pour ceux là c'est pire. Je ne travaille que sur les SAVOIRS ETRE et c'est votre travail en amont qui est important!!! ah ce que j'aimerais que l'éducation nationnale et l'ANPE travail main dans la main pour que l'éducation nationnale forme à un metier et non à un diplome!!! une douce UTOPIE.<br /> BONNE ANNEE SCOLAIRE A VOUS
D
C'est une plague ?
A
Je donnerais volontiers un coup de main également mais entre les horaires de bureau et ceux de l'école il y a comme une sorte de chevauchement. Qui plus est, et contrairement au personnel d'établissement, j'imagine que l'administration de l'éducation nationale n'est pas particulièrement ouverte aux bonnes volontés.<br /> <br /> Alors à défaut d'être d'une grande aide, je vous adresse tous mes encouragements. J'ai cru comprendre en un an de lecture que ça pouvait servir.
V
En plus d'un conseiller et d'une infirmière, je conseille un psychiatre pour les enfants et parents qui ne vont pas bien.<br /> C'est infernal ces histoires. Comment faites vous pour tenir le coup ?
E
Quelle journée de ouf .........à qui le dis-tu <br /> Perso, même si j'adore ce que je fais , j'ai envie de tout blaquer et de démisionner.....RAS LE BOL.......
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