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Le quotidien d'un directeur d'école
22 octobre 2006

En vrac

Ca commence par une maman qui m’apprend que son fils a été menacé la veille au soir pendant l’étude par W., un plus grand. Un genre de racket. Puis une autre qui m’apprend que les camarades de son fils en CE1 ont des conversations qui ne sont pas vraiment de leur âge. L’un d’entre eux racontant avec beaucoup de détail le spectacle que sa grande sœur recevant son petit ami lui avait , si j’ose dire, offert.

Les enfants sont de plus en plus précoces, me disait-elle, mais à ce point là !

La journée continua par quelques histoires impliquant encore des élèves déjà connus. Ce fut ensuite l’arrivée dans mon bureau de M.., élève de CM1. Hier il avait refusé de participer à la séquence de musique, se contentant de vouloir abîmer le mur du réfectoire dans lequel la séance avait lieu. D’après lui, il ne lui était pas possible de faire de la musique pendant le ramadan ! Mais de détériorer les murs, certainement !

Aujourd’hui, il se plaint de douleurs dans la jambe, ce qui ne l’empêche pas de bouger à tout bout de champ. Il a dormi toute la matinée, m’apprend sa maîtresse. Il m’explique qu’il a prié hier à la mosquée pendant deux heures et ensuite, comme c’est une nuit spéciale. Il s’est couché à trois heures du matin. D’ailleurs son grand frère en CM2, n’est pas venu à l’école. Vivement que le ramadan se termine… On pourrait pas le mettre pendant les vacances ? Je précise que je plaisante : je n’ai pas envie de subir le sort de ce professeur de philosophie, contraint de se cacher, protégé par la police pour avoir émis une opinion dans un pays où pourtant la liberté d’expression est garantie.

J’essaye de joindre quelqu’un mais les numéros de téléphone qui figurent sur sa fiche, pourtant remplie en début d’année, ne répondent pas. Il serait pourtant important que nous voyions les parents, le comportement de cet enfant nous causant beaucoup d’inquiétude. A suivre. De près.

Il faudra ensuite, rentrer les résultats des évaluations de CE1, la grande nouveauté de l’année. Malheureusement, elles ont sans doutes été construites à la va vite. Les résultats des élèves ne correspondent pas toujours à leurs possibilités évaluées par les enseignants. Qui se trompe.

C’est beaucoup de temps passé et en partie perdu pour pas grand chose. En effet, les besoins qui ressortiront de ces résultats ne nous permettront pas d’avoir des moyens supplémentaires. En attendant, les membres du réseau d’aide qui devraient prendre les enfants en difficultés sont occupés à ces évaluations en même temps que les enseignants qui avaient pourtant évalué leurs élèves dès le début de l’année pour mettre en place des groupes de besoin en lecture pour tenter de gérer la grande hétérogénéité des élèves en début de CE1.

Il me faut encore m’occuper des élèves qui doivent faire bridge sur le temps de midi car il y a encore des changements mais cela semble bien marcher. S’assurer que les musiciens sont bien allés à leurs cours. S’occuper des animations pédagogiques. C’est la troisième fois que ça change. Finalement, les collègues peuvent y aller le samedi matin et les autres sont tout contents d’avoir une grasse matinée en perspective. Mais la rédaction du projet d’école est encore repoussée… On ne va pas y arriver.

Les convocations pour le conseil d’école ne seront pas encore faites aujourd’hui. Il me faut rentrer et envoyer les dernières commandes si nous ne voulons pas perdre une partie des crédits alloués par la municipalité. A propos, vous savez que là aussi les inégalités existent : de 11 euros à 110 euros par élève suivant les communes, la moyenne étant de 38 euros suivant une étude du syndicat. Pour une fois, nous ne sommes pas loin de la moyenne, pour nous c’est 31 euros.

Le soir, il nous faudra, la maîtresse et moi, rester jusqu’à 18h30 pour pouvoir accueillir le père de W. accusé depuis le début de la semaine, d’avoir agressé plusieurs élèves, d’en avoir insulté d’autres, d’avoir "  traité les mères ", d’avoir tenu des propos racistes sur les noirs et enfin d’avoir tenté de racketté un petit. Tout un programme. C’est un élève que nous avons récupéré en juin dernier suite à un déménagement.

Le père est d’abord dans le déni. Il connaît bien son fils et prétend qu’il n’est pas comme ça. Il faudra vraiment insister pour qu’il prenne conscience du problème. Le nombre de témoins que nous pourrions citer étant impressionnant. Quand à accepter une prise en charge extérieure pour cet enfant qui vraiment ne semble pas aller bien, nous en sommes encore loin. Mais le premier pas a été fait. Là aussi à suivre…

Il est 19h45 quand je quitte l’école. J’y suis depuis douze heures sans interruption. C’est vraiment un métier très prenant. Mais passionnant et tellement diversifié !

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Commentaires
N
Comment dit on déjà… "vocation" ? Oui, ça doit être cela.<br /> Pour la petite histoire, mon père était instit', ma souer l'est et mon homme aussi, alors……je comprends assez bien tout cela, mais je m'inquiète quand même.
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