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Le quotidien d'un directeur d'école
7 novembre 2006

Ca commence aujourd’hui…

Bonne idée de repasser le film de Tavernier. Plus proche de la réalité que la série de l’instit.

Pour moi, ça a (re)commencé hier. Une telle journée que je n’ai pas eu le temps d’en écrire quelques lignes hier soir.

Déjà deux collègues absents, malades. La situation n’ayant pas changé, il est même inutile de vouloir récupérer un remplaçant dans une autre école. Personne n’est disponible et l’administration n’a pas profité des vacances pour empêcher des listes complémentaires. Les classes étant déjà chargées, c’est cinquante élèves qu’il va falloir répartir sur les collègues restants. De quoi se rendre malade .

Ce fut ensuite un père qui m’annonça qu’il avait porté plainte contre l’école car les lunettes de sa fille ont disparu  juste avant les vacances. Outre que je mesure bien la colère de ce père obligé de racheter les lunettes, je ne vois pas bien comment une plainte de ce type peut aboutir. Sans compter que cela va encore augmenter les chiffres de la délinquance. Sarko ne va pas être content ! A tout hasard, je fais un petit mot aux parents de la classe pour tenter de récupérer ces fameuses lunettes. Un petit discours aux élèves : « Rassurez-vous si vous retrouvez les lunettes, on ne vous accusera pas. E sera sans doutes, quelqu’un qui les aura mises dans vos affaires. On ne sait jamais, une blague qui aurait mal tourné. Au contraire, vous serez félicité. ». Mais cela reste préoccupant, il y a déjà eu plusieurs vols dans cette classe. Jusqu’ici, il s’agissait surtout de stylos ou de feutres.

J’aurai la même scène le soir après la disparition d’un blouson. L’enfant étant rentré chez lui sans son vêtement, la maman vient voir à l’école. Hélas, plus de blouson. C’était bien entendu la faute de l’enseignant qui n’avait pas surveillé. Bien entendu, il ne va pas falloir compter à cent pour cent sur le sens moral des parents qui vont voir arriver leur enfant avec un blouson qui n’est pas le sien. J’en ai même vu qui décousait les étiquettes portant le nom du légitime propriétaire. Là aussi, espérons… Il va me falloir prendre ma casquette d’enquêteur aujourd’hui. La maman, elle aussi, envisageant de porter plainte. Il va bientôt nous falloir un avocat !

Autre sujet de contrariété. Malgré mes rappels incessants, certains collègues ne sont pas capables de fermer à clef la grille de l’école quand ils sortent en dernier. Aujourd’hui, ce fut le cas à midi et à quatre heures. Comment exiger des enfants une rigueur qu’on ne peut s’appliquer à soi-même. Et pourtant, nous avons déjà vu des jeunes certainement collégiens trainé dans nos couloirs. Ceci pourrait d’ailleurs expliqué la disparition de certains vêtements de marque et de prix.

Même chose pour les punis dans le couloir, porte de la classe fermée. Il me semblait pourtant avoir été clair et à plusieurs reprises lors des conseils des maîtres : les élèves punis doivent être envoyés dans une autre classe ou dans mon bureau accompagnés d’un autre mais jamais laissés seuls dans les couloirs. Je rappelle à cet effet, le cas de cet enfant retrouvé étranglé, entortillé dans un essuie-mains avec lequel il avait joué alors qu’il était resté seul sans surveillance. Cela devrait faire réfléchir, non ? L’enfant que je récupérais dans le couloir ne me fut pas réclamé ? A tirer au clair…

On parle beaucoup et souvent de formation des enseignants. Je pense qu’il y manque un volet important de ce que l’on pourrait appeler déontologie et vie professionnelle. J’ai connu cela à l’époque paléontologique des écoles normales. Cela permettrait peut-être de penser ce métier comme un tout. On a beau être passé du statut d’instituteur à celui de professeur des écoles, on n’en reste pas moins responsable de tout un groupe d’enfant du matin au soir et du début à la fin de l’année. Rien à voir avec les professeurs des collèges qui peuvent compter sur les surveillants et autres conseillers d’éducation –même s’ils sont en nombre insuffisant- sans oublier les gardiens qui eux ont pour mission de fermer les portes. Il faudrait peut-être le rappeler.

Le reste, ce fut la routine : les élèves qui n’ont toujours pas payé l’étude du mois précédent que je dois accueillir sans nouvelles de leurs parents. J’avais pourtant envoyé des courriers comminatoires avant les vacances. Bien entendu, les numéros de téléphone figurant sur les fiches de renseignement ne répondent pas. Même chose pour annuler les rendez-vous médicaux, le médecin étant également absent.

Les listes de cantine et d’étude à mettre à jour en début de mois. Une inscription. La première des élèves arrivant de Cachan. Espérons que cet enfant pourra se poser un peu, vivre normalement comme tous les enfants devraient en avoir le droit. Ca me semble difficile, sachant que leur hébergement est suspendu à une décision d’obtention de statut de réfugié. Né en France, mais ses parents viennent de Côte d’Ivoire. Un pays où il ne fait pas bon vivre en ce moment. Merci à la maîtresse qui l’accueillit dans son CP avec le sourire malgré un effectif chargé augmenté des cinq élèves des ses collègues malades. Sans compter l’élève en intégration dans sa classe qui bénéficie d’une AVS mais à mi-temps seulement.

A part ça le débat médiatique reste sur la guerre des méthodes. Peut-être notre ministre gagnerait à venir voir nos conditions de travail.

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Commentaires
L
... ou objets trouvés !...<br /> <br /> http://ecolebrassensfeyzin.free.fr<br /> <br /> Et on clique sur le lien de cette année...<br /> <br /> Merci néanmoins pour cette lecture...<br /> On se sent moins seul...<br /> <br /> @ +
S
Le coup du blouson, j'y ai eu le droit en début d'année aussi... "je vais porter plainte, faire marcher mon assurance" ainsi que "moi aussi je vais voler le blouson des autres enfants"... dans ma classe de GS la probabilité d'un vol était proche du 0... j'ai donc calmé le jeu en assurant qu'on ferait le nécessaire. Tous les soirs je voyais la maman, puis au bout de 5 jours, plus rien. Je demande alors à la petite des nouvelles du blouson "maman l'a trouvé dans mon sac de piscine hier!", evidemment la maman ne me l'a jamais dit, quand à avoir des excuses après avoir quasiment été accusée de l'avoir volé moi même, je peux m'assoir dessus!
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