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Le quotidien d'un directeur d'école
20 novembre 2006

Le temps

Difficile gestion du temps. Autant (au temps où) je pouvais, quand j’étais en charge de classe, gérer ce temps, le prévoir, l’aménager, le prendre, autant depuis que je suis directeur, les événements s’enchaînent sans que je puisse prévoir de quoi sera fait les minutes qui suivent…

Je ne vais pas vous infliger le déroulement d’une journée - qui n’est pas type puisqu’aucune ne se ressemble - je l’ai déjà fait : pour ceux que cela intéresse, chercher dans les archives.

J’ai passé aujourd’hui douze heures d’affilée à l’école et j’ai du mal ce soir à rassembler mes souvenirs pour savoir ce qui m’a pris autant de temps.

L’impression, malgré tout, d’avoir essayé et parfois réussi à être à l’écoute des élèves, des collègues et des parents qui sont venus me solliciter aujourd’hui : " J’ai juste une petite chose, juste une question, juste un truc… " ont-ils coutume de me dire les uns et les autres. Et ça finit par faire toute une journée.

J’ai également parfois l’impression de vouloir endiguer un flot en mettant des rustines sur la digue. Je pense aussi avoir réussi à régler des dizaines de –petits- problèmes.

J’aimerais pourtant de temps en temps pouvoir faire le point sur les évènements de la semaine passée par exemple. Le professeur qui a reçu un coup de pied (deux heures de discussion avec les parents samedi midi), l’élève qui s’est rendu coupable de deux actes très violents et dont je n’ai toujours pas vu les parents : le cahier de correspondance est revenu non signé et les numéros de téléphone fournis ne répondent pas ou plus. Les élèves qui sont partis pour se faire héberger ailleurs : les familles d’accueil craquent quelquefois. Comment établir des relations durables dans ces conditions. Ceux qui suivis par France Terre d’Asile partent en province car c’est le seul endroit où l’on a pu leur trouver un logement assez grand. Quid de ces trois enfants qui commençaient à s’habituer à l’école et à leurs enseignants. Cette autre petite suivie par le réseau d’aide qui déménage brusquement car la tante tutrice va maintenant la confier à sa grand-mère pour cause de mésentente familiale. Travaillant dans " les quartiers " ( vous avez vu comment ce nom commun est maintenant devenu non pas nom propre mais plutôt sale et singulier) , nous sommes victimes de la double, triple, quadruple peine…

J’aurais aimé pouvoir discuté avec les collègues des sujets traités lors de la demi-journée syndicale de samedi matin : les stages filés ( qui remet en cause la formation continuée des enseignants et la formation tout court des jeunes étudiants), la mise en place de la maison du handicap et l’accueil des handicapés de toutes sortes dans les classes ( idée généreuse mais qui pose parfois de sérieux problèmes et qui permet de faire de sérieuses économies sur le dos des handicapés : nous attendons encore les auxiliaires de vie scolaire que l’on a du mal à recruter), les permutations ( 2500 collègues qui veulent quitter le département contre à peine une cinquantaine qui veulent y entrer), les évaluations de CE1 ( qui inquiètent les enseignants par leur côté fichage des enfants en difficultés), les collèges ambition réussite ( qui n’ont pour ambition que de faire des effets d’annonce tout en re - déployant les moyens et même en les diminuant), les PPRE ( qui rendent les enfants et les familles responsables de leurs échecs sans jamais évoquer une quelconque cause sociale et une quelconque responsabilité sociétale), le débat sur les rythmes scolaires ( qui semblent faire fi des intérêts des enfants et des nécessaires rapports enseignants - parents)…

Il m’aura pourtant fallu trouver le temps d’écrire ces quelques lignes….

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