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Le quotidien d'un directeur d'école
6 décembre 2006

Faut bien commencer un jour.

Oui, mais comment ?

A ce jour, j’ai dans l’école deux stagiaires en stage " massé " de trois semaines. Ils sont étudiants de l’IUFM et effectuent leur premier stage en situation. Dans le meilleur des cas, ils auront deux, voir trois visites de formateurs pendant les trois semaines que dure leur stage. Bien entendu, il n’est pas question, sauf exception –une collègue directrice d’école d’application- de demander au directeur son avis sur ces stagiaires.

Il y a aussi un stagiaire en stage " filé " : c’est la dernière trouvaille de l’Education Nationale. Il a en charge une classe un jour par semaine durant toute l’année ( sauf quand il est en stage massé lui aussi : vous suivez ?). Le titulaire de la classe est pendant ce temps lui-même en formation ou dans l’école à travailler sur un projet précis mais son rôle n’est surtout pas d’aider ce jeune collègue. D’ailleurs comment le pourrait-il s’il est lui-même en formation.

J’ai aussi deux titulaires de première année. Tout frais émoulus de l’IUFM, ils manient la didactique comme pas deux mais possèdent peu de pédagogie, encore moins de psychologie de l’enfant. Quant à parler de vie professionnelle pratique, c’est le néant total. Suivant les personnalités, leur envie d’apprendre et leurs parcours, ça peut donner d’excellents résultats ou l’inverse. A condition toutefois d’avoir une équipe solide et un directeur un tant soit peu impliqué.

J’ai de plus un stagiaire de deuxième année qui n’ayant pas été évalué positivement l’an dernier, redouble si je puis dire. Toujours considéré comme étudiant, il a pourtant malgré son échec l’an dernier une classe en responsabilité toute l’année. Rassurez-vous, les formateurs IUFM qui doivent le suivre ne sont pas encore venus mais la conseillère pédagogique dont ce n’est pas le travail est malgré tout venu le voir une fois.

J’ai également des titulaires de deuxième année. Ceux-là ont déjà passé l’épreuve du feu mais n’en sont pas moins débutants et ont sérieusement besoin d’encadrement.

Cette année, j’ai de la chance : je n’ai pas de Liste Complémentaire : ces étudiants qui n’ayant pas été reçus au concours pour avoir droit à une formation se retrouvent dans une classe pour l’année. Leur formation sera pour l’an prochain.

Je crois que pour la plomberie, il faut une formation de deux ans minimum. L’avantage, c’est que les fuites ça se voit pour les tuyaux. Pas tout de suite chez les élèves…

Il serait plus que temps de revoir la formation et la façon d’attribuer les postes. Comment récupérer les enseignants les plus expérimentés dans les zones les plus difficiles ?

Finissons sur une anecdote. Notre stagiaire P2 s’étonnait que sa " séquence " sur la ponctuation n’ait pas vraiment marché. Il s’agissait de remettre dans un texte des points, des virgules, des points d’exclamation et des guillemets. Quand on est au CP ! Avec ou sans méthode syllabique, c’est le contraire qui aurait été étonnant ! Mais ajouta-t-elle : " Pour le pluriel, ils ont tous compris. "

Petit lexique à l’usage des non-enseignants :

P1 : Etudiant de première année qui prépare le concours à l’IUFM. Auparavant une bourse conséquente existait, elle a été supprimée. Une grosse majorité se présente en candidat libre. Il faut une licence pour présenter le concours.

P2 : Etudiant de deuxième année qui devra effectuer deux stages massés et un stage filé : un par cycle.

Stage massé : stage de trois semaines dans une classe d’accueil. Le titulaire de la classe est alors en stage de formation continuée.

Stage filé : stage d’une journée par semaine dans une classe d’accueil (toute l’année la même).

T1 : Titulaire de première année. Etudiant P2 ayant été validé qui effectue sa première année d’enseignement, il devra rester sauf accident de parcours deux ans sur la même école. Il aura droit à un stage de trois semaines : il laissera alors sa classe à un P2 en stage massé. Quand deux débutants s’rencontrent, qu’est-ce qu’ils se racontent ?

T2 : Titulaire dont c’est la deuxième année : il sera visité par l’inspecteur qui lui donnera sa première note.

Liste complémentaire : Etudiant n’ayant pas été reçu au concours mais se trouvant dans les rangs proches du dernier admis. Il sera recruté suivant les besoins pour assurer la classe toute l’année sans aucune formation ( Bien fait, il n’avait qu’à être reçu au concours). L’an dernier : près de 400 dans notre département !

P2 redoublant : Etudiant de deuxième année qui n’a pas été validé positivement ( qu’en termes élégants, ces choses-là sont dites…). Il ne peut devenir T1. On lui confie donc, en toute logique, une classe toute l’année comme les T1. En théorie, il doit être suivi par les formateurs de l’IUFM.

P.E : Professeur des écoles.

Cycle I : Petite section et moyenne section de l’école maternelle.

Cycle II : Grande section de l’école maternelle, cours préparatoire et cours élémentaire 1ère année de l’école élémentaire.

Cycle III : Cours élémentaire 2ème année, cours moyen 1ère et 2ème année de l’école élémentaire.

Directeur d’école : Personnage sans statut dont le rôle ne consiste absolument pas, en théorie, à assurer la formation des débutants.

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Commentaires
A
Bonjour,<br /> Bah didon, "vous avez " beaucoup de soucis.<br /> Et vous, comment avez-vous fait vos débuts entant qu'enseignant?Aviez-vous beaucoup d'expérience avant d'être formé ou avant d'avoir mis un pied dans l'école? N'avez-vous jamais fait d'erreur en apprenant? Aviez-vous la pédagogie infuse?Je pense que ce système n'est pas parfait .Qu'on demande beaucoup aux enseignants et aux directeurs... Avez-vous des propositions à faire à notre ministre pour améliorer la formation des maîtres ou des directeurs?Et que dire des titulaires incompétents voire dangereux que l'institution ne peut licencier?...(il y en a).Je vous pose beaucoup de questions, mais c'est parce que j'ai l'impression (peut-être fausse)que c'est moins l'avenir professionnel des futurs professeurs des écoles et leur formation qui vous inquiète, mais vos propres conditions de travail: trop de responsabilités, de stress...et cela se comprend. C'est un défi de prendre la direction d'une école.<br /> Merci.
N
tenez bon tenez bon ! je sens comme une certaine lassitude…
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