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Le quotidien d'un directeur d'école
24 janvier 2007

Y’a pas le feu ?

* De radiations en inscriptions, les chiffres varient.

Lundi soir, un jeune collègue débutant, c’est sa troisième année, vient me voir au bureau. Il a un CM2 et sa classe est très difficile en ce moment. Il ne sait pas trop comment y remédier et me demande d’intervenir le lendemain matin.

Ce n’est pas que l’exercice me déplaise mais il faut veiller à ce que le remède soit plus fort que le mal. Inconsciemment, les enfants sentent la faiblesse de leur enseignant "obligé " de faire appel au directeur.

Cela me rappelle mes débuts, pas toujours facile. Il était à l’époque impensable de demander de l’aide. Nous aurions été jugés comme incapable de tenir notre classe et jugés de ce fait comme de mauvais enseignants.

Heureusement les temps ont changé. Nous avons en conseil des maîtres évoqué longuement ces enfants difficiles de cm2 et mis au point plusieurs dispositifs pour que l’année se passe du mieux possible. Les bilans que nous faisons régulièrement nous prouvent d’ailleurs le bien fondé de notre démarche. Beaucoup d’élèves se sont remis au travail, ne nous posent plus de problèmes. Reste malgré tout quelques irréductibles pour lesquelles nous attendons des prises en charges extérieures qui tardent à venir. Manque de conviction des parents qui traînent les pieds pour signer les autorisations nécessaires ou prendre les rendez-vous indispensables. Lenteur due au manque de moyens de l’administration pour des mesures éducatives. Impossibilité pour notre psychologue de prendre en charge, ne serait-ce que provisoirement, ces élèves. De par les textes qui régissent sa fonction d’une part et de par son éparpillement sur sept écoles d’autre part.

Donc rien de plus normal que de faire appel au directeur.

L’échange avec les élèves, sera , je l’espère, fructueux. Nous avons d’abord tenté de cerner les problèmes et de les analyser, puis de revoir ensemble les règles de vie qu’ils avaient pourtant défini en commun, puis de voir ce qu’il convenait de mettre en place. Cela ne suffira sans doutes pas et il me faudra certainement revenir dans cette classe.

C’est là, qu’un enseignant supplémentaire nous serait utile. Il permettrait à l’enseignant en difficultés de prendre un peu de recul, lui donnerait le temps d’échanger avec ses collègues ou le directeur, de pouvoir se rendre dans d’autres classes dans lesquelles exercent des collègues plus expérimentés pour y voir des pratiques qui lui permettraient d’améliorer la gestion de sa classe.

Mais ce n’est pas le chemin que prend notre ministre. Vous avez tous entendu l’annonce des suppressions de poste. Il est vrai qu’en élémentaire, des postes seront crées. Je veux bien parier qu’ils ne seront pas à la hauteur de nos besoins. Rien que cette année, nous aurons vécu avec vingt à trente élèves* de plus que l’an dernier sans aucune ouverture de classe.

Marre de jouer les pompiers sociaux.

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