Bureaucratie ou parapluie ?
Deux chiffres (en fait, il s’agit de deux nombres mais curieusement la langue ne nous aide pas pour les apprentissages mathématiques):
Il y a vingt ans un projet de sortie avec nuitées ( c’est le terme officiel pour des courts séjours) tenait sur une feuille recto et une moitié de verso. Il fallait l’envoyer trois semaines avant le départ.
Aujourd’hui, il faut fournir –en cinq exemplaires- un dossier qui varie suivant le projet de trente à quarante pages et le délai s’est allongé à dix semaines – hors vacances !
Le contenu du séjour reste le même et il n’est pas plus dangereux, ni risqué d’emmener nos élèves passer quelques jours à la campagne, la montagne ou la mer. Mais la société a beaucoup changé et nous sommes dans l’ère du tout sécuritaire. Il faut absolument tout prévoir non pour empêcher les accidents possibles mais pour pouvoir se dédouaner en cas de problème et pouvoir faire porter la responsabilité sur d’autres.
Il est dommage que l’analyse des incidents survenus ces dernières années ne serve pas à définir des règles plus pragmatiques. Si ma mémoire est bonne : un accident d’avalanche, un brusque lâcher d’eau par l’EDF et un cuisinier pédophile. Des accidents dramatiques bien entendu. Mais sans rapport avec les multiples documents qu’on nous demande.
Cela a un effet pervers : certains parents ont peur de nous confier leurs enfants et il faut développer des trésors de persuasion pour les rassurer et leur arracher l’autorisation nécessaire.
Question temps consacré, c’est encore pire : la constitution du dossier d’un collègue a pris une bonne partie de mon temps ces derniers jours et toute la journée d’aujourd’hui. Le voilà presque bouclé mais je suis persuadé qu’il va bien manquer quelque chose.
Cela sera vite oublié quand nos élèves reviendront emplis de souvenirs et ravis d’avoir vécu en collectivité ces quelques jours.