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Le quotidien d'un directeur d'école
14 février 2007

Le directeur enquêteur.

Je ne pensais pas en commençant cette enquête y passer autant de temps et convoquer au bureau autant d’élèves. En tout, une douzaine de nos CM2. La plupart parmi les plus connus pour leurs dérives, quelques-uns à la présence surprenante dans cette histoire.

Rapidement : pour une raison inexpliquée, la porte de cette classe était restée ouverte et certains s’en sont aperçu. Leur vint alors l’idée d’aller voir ce qui pouvait être récupéré. Ayant trouvé des friandises, bonbons, sucettes et chocolats, ils en informèrent d’autres élèves. Plusieurs visites eurent lieu et d’autres choses furent dérobées, en particulier du matériel scolaire.

Certains élèves reconnurent facilement leur bêtise, d’autres ne le faisant que contraints et forcés par l’accumulation des preuves et des témoignages.

Certains s’efforçant de charger au maximum les camarades. D’autres non.

Ils furent tous surpris d’apprendre que participant à ce délit, ils étaient tous complices quelque soit leur rôle. Ceux qui avaient fait le guet pensant qu’ils n’avaient rien à se reprocher car ils n’avaient rien voler. Ceux qui avaient accepté les friandises sachant qu’elles étaient volées furent également étonnés d’apprendre leur responsabilité.

Une fois les faits pratiquement établis, il me restait encore quelques zones d’ombre à éclaircir, la question essentielle demeurait. Que faire ?

Je décidais alors, plutôt que de recevoir les parents les uns à la suite des autres, ce qui m’était pratiquement impossible pour des questions de temps, de les convoquer tous en même temps. Un courrier fut rédigé et posté ce jour même pour une réunion à la fin de la semaine. J’y précisais que les enfants avaient tous reconnu leur implication, je connais trop la tendance naturelle à faire porter la responsabilité sur les autres.

Pour la décision des sanctions que nous prendrons, je prévois une réunion avec mes collègues concernés pour les définir. Une récente expérience pour laquelle je pris des décisions rapides et contreproductives m’incite à partager la décision.

Reste à bien préparer cette réunion avec les parents. Ne pas stigmatiser, ni laisser croire qu’un jugement est porté sur leur responsabilité ou leur capacité à éduquer leurs enfants ( Qui n’a pas un jour ou l’autre été confronté à cette difficile réalité ?)

Evoquer des sanctions possibles sans que celles-ci soient sans aucun rapport avec la faute commise.

Eviter que des châtiments corporels soient la réponse.

Faire comprendre que les enfants font des bêtises et que celles-ci doivent servir de tremplin pour permettre de passer à autre chose : montrer la valeur éducative de l’erreur reconnue et de la sanction acceptée.

Vous aurez compris qu’il s’agit d’un exercice d’équilibre sur un fil particulièrement difficile et périlleux. Espérons que l’expérience de toutes mes années d’enseignement et de dialogue avec les parents me servira de balancier et de filet en cas de chute.

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