Insu portable

Ou comment avoir un portable à son insu.

Première étape : un de nos élèves vient à l’école avec, dit-il, le portable de sa mère qui a été oublié dans sa poche.

Deuxième étape : grand amateur de foot et emporté par sa passion, il perd son portable en jouant au foot , ne s’en rendant pas compte sur le moment.

Troisième étape : un autre élève montre à la collègue chargée de la surveillance " son " portable. Celle-ci, moins expérimentée, lui demande simplement de ne pas le sortir sachant que cela est interdit à l’école. Cet élève est au courant que son camarade a perdu son portable mais assure qu’il ne s’agit pas de celui-ci. Il lui demande de ne pas le dénoncer. Ce qu’elle lui promet.

Fin du premier acte.

Quatrième étape :

La collègue me raconte le soir même cette histoire. J’ai un gros doute sur la sincérité de l’élève en question. Mais il est déjà parti chez lui et je ne peux ni l’interroger ni lui demander de me montrer son portable pour.

J’appelle chez lui. C’est sa mère, que je connais très bien, qui décroche. Elle me confirme que son fils n’a pas de portable mais qu’il a peut-être emporté le portable de sa grande sœur à l’école. elle l’interrogera et me tiendra au courant.

Cinquième étape : J’interroge l’enfant qui a perdu son portable, il reste à l’étude, et obtient une description assez précise de celui-ci. Renseignement pris auprès de la maîtresse, il s’agit certainement du même.

Sixième étape : Je rappelle chez le présumé nouveau propriétaire du portable. Devant mon assistance, sa mère insiste. Cris, pleurs mais rien n’y fait. Elle finit par me passer son fils. Quand je lui explique que la maîtresse elle-même a vu le portable et qu’il ne peut plus nier, sa mère reprend le téléphone et m’affirme qu’elle me rapportera le portable plsu tard dans la soirée , ne pouvant sortir pour l’instant à cause de ses enfants qu’elle doit confier à la grande sœur.

Effectivement, je la verrai un peu plus tard me rapportant le portable.

Fin du deuxième acte.

Septième étape : Grande conversation avec la maman. Elle ne sait plus comment faire avec son fils qui nous cause beaucoup de soucis. D’autant plus que son niveau scolaire est faible. Il ment aussi très facilement. En fait il serait même plutôt mythomane, car il finit par croire à ce qu’il dit. Comme explication à son geste, il lui a simplement dit que c’est parce qu’il en avait envie. Je lui rappelle qu’elle devait prendre contact avec le CMPP pour une aide éventuelle. Une séparation des parents quand il avait quatre ans, un retour au pays avec son père puis sa venue en France dans des conditions rocambolesques et depuis un désintérêt total de son père. Ajoutez à cela un nouveau compagnon pour la mère et une naissance d’une demi-sœur. Il n’en faut peut-être pas plus pour perturber un enfant.

Elle me garantit qu’elle va s’en occuper sérieusement.

Huitième étape : Il faut aussi s’occuper de la collègue qui culpabilise. Je l’assure que ce n’est pas grave puisque l’affaire a été éclaircie et puis l’erreur est foratrice. Elle ne s’y laissera peut-être plus prendre.

Fin du troisième acte

A suivre : la restitution du portable à sa véritable propriétaire : la maman qui n’est peut-être pas au courant…

Vive les avancées technologiques qui sont censées nous faire gagner du temps.