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Le quotidien d'un directeur d'école
25 mars 2007

Des formations….

Vous voulez être dompteur ? OK. Après le concours théorique, vous irez une année de formation.

Pour mieux apprendre vous irez d’abord une fois par semaine dans la cage des animaux. Bien entendu, le dompteur titulaire de la cage ne sera pas là. Il est lui-même en stage. Puis pour parfaire votre formation, vous irez passer deux fois trois semaines dans d’autres cages. Une fois avec des animaux plus jeunes et l’autre avec des sujets déjà matures. Suivant votre chance ou votre malchance, vous pourrez tomber sur des herbivores particulièrement paisibles et habitués à la présence du dompteur quel qu’il soit ou bien sur des carnivores qui ont déjà réussi à se débarrasser de leur dompteur remplaçant.

Le reste du temps, vous étudierez le domptage dans des livres et écouterez des formateurs qui n’ont quelquefois jamais mis les pieds dans une cage.

Bon courage…

Vous remplacez dompteur par enseignant, cage par classe et animaux par élèves – je précise que j’adore les animaux et les élèves, n’y voyez aucune mauvaise intention de ma part- et vous avez une petite idée de la formation actuelle.

Bien entendu , je force le trait volontairement. Les choses ne se passent pas réellement comme cela. Comparaison n’est pas raison comme avait coutume de le dire mes professeurs de secondaire.

Mais tout de même. J’ai actuellement en stage d’évaluation une jeune stagiaire communément appelée PE2. C’est son troisième stage. Son stage filé en CE1 se passe plutôt bien. Son stage de trois semaines en grande section s’est bien passé. Manque de chance, elle tombe cette fois sur une classe de CM2 très difficile. Ceux qui suivent cette chronique en ont déjà entendu parler. La maîtresse titulaire de cette classe, expérimentée, a déjà beaucoup de mal à " les tenir " et réussit tant bien que mal à avancer dans les apprentissages. Elle est en stage pour trois semaines et vu l’éloignement de son lieu de stage et de son domicile, ne peut être d’aucune aide immédiate. D’ailleurs, ce n’est pas son rôle.

Avant son départ, nous avons longuement exposé la situation à notre stagiaire. Malgré cela, les choses se sont compliquées pour elle dès le début. Elèves qui refusent de lui obéir, qui se permettent de lui répondre, qui ne veulent pas travailler, qui oublient les règles essentielles de la classe et de l’école. Je suis déjà intervenu à plusieurs reprises, j’ai déjà appelé de nombreux parents pour les informer du comportement de leur enfant, j’ai distribué quelques punitions. J’ai du intervenir également pour que les intervenants puissent faire leur travail aussi. Samedi matin, c’étaient les dames de service qui venaient me dire qu’elle refusaient de nettoyer la classe qui était jonchée de graines de tournesol vides mangées par les élèves.

J’ai du une nouvelle fois intervenir en classe. Tous les élèves, à l’exception de deux, ont reconnu en avoir mangées. Je leur ai bien entendu donné la sanction correspondante. Il est en effet interdit de manger à l’école depuis la rentrée de septembre et ils ne pouvaient l’ignorer. De plus, je leur ai tenu un discours très ferme sur leur comportement. La fin de la matinée s’est déroulée sans trop d’incidents.

Après la classe, avec la stagiaire, nous avons cherché le moyen de remettre de l’ordre pour lui permettre de continuer son stage et d’être évaluée dans de meilleures conditions.

Elle m’a avoué avoir un moment pensé à démissionner. J’ai bien sûr tenté de l’en dissuader. D’abord, elle ne devait pas se culpabiliser, la classe étant vraiment difficile. De plus, elle n’est pas responsable de cet état de fait, sa formation ne lui ayant donné aucun outil pour s’en sortir. Aucun cours de gestion de groupe. Rien sur la façon d’établir son autorité dans une classe. Rien sur les élèves difficiles à comportement hautement perturbant. Aucune technique pour obtenir le calme. Rien sur le placement de la voix. Je pourrais continuer longtemps. En gros : débrouillez-vous tout en laissant entendre que l’autorité doit être naturelle. Si vous n’y arrivez pas, c’est que c’est de votre faute ou que vous n’êtes pas fait pour ce métier. En revanche une grande importance et donnée à la didactique. Comme si, une séquence bien pensée, pouvait ramener, comme par magie, le calme dans une classe excitée et inattentive. Comment enseigner si les élèves n’écoutent pas ?

Cela ne devrait-il pas être la première chose à apprendre ?

Me voilà donc, au début de mon week-end –qui commence déjà le samedi midi- à tenter en peu de temps de colmater les brèches de la formation, de réconforter et déculpabiliser notre stagiaire et de trouver des techniques qui vont, je l’espère, lui permettre de continuer au mieux.

Je serais dans la classe lundi matin pour expliquer aux élèves, le dispositif que nous avons mis en place : un contrat de comportement reprenant les grandes règles essentielles à suivre pour travailler dans de bonnes conditions. Tous les manquements à la règle y seront portés et un bilan sera fait à la fin de chaque journée et porté à la connaissance des parents à la fin de la semaine ou plus tôt si nécessaire. Du travail en perspective.

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Commentaires
C
Cet article est un triste rappel de ce que je suis en train de vivre dans l'école où je fais mon stage. <br /> Le directeur, toutefois, est moins impliqué que vous, ayant annulé une sanction à l'égard d'un élève violent envers moi... sanction pourtant prise par lui, et expliquée à l'enfant et aux parents en présence de la titulaire, revenue pour l'occasion...
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