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Le quotidien d'un directeur d'école
23 mai 2007

Signalements

Nous avons la possibilité d’effectuer un signalement d’incident constaté ou d’enfant en danger. Mais n’étant pas des chefs d’établissement, nous nous devons d’envoyer ce signalement à notre supérieur hiérarchique c’est à dire l’inspecteur de l’éducation nationale qui décide ou non de faire suivre.

Ces signalements sont assez rares car nous nous efforçons de trouver des réponses éducatives à l’interne ou dans le dialogue avec les parents. Moins d’une dizaine en cinq ans.

Ils sont rarement suivis d’effet. Depuis cinq ans, je n’ai eu qu’un seul retour. Un élève qui avait à plusieurs reprises levé la main sur des enseignants et pour lequel il était impossible de compter sur une aide de la famille.

D’autres signalements à répétition pour un élève particulièrement violent envers ses camarades n’a pour l’instant donné aucun résultat.

En général, même si des mesures sont prises , elles sont appliquées longtemps après par manque de moyens en éducateurs. En général, la situation ne s’est pas arrangée entre temps.

D’où viennent ces enfants particulièrement difficiles ? J’ai souvent eu l’occasion d’en parler ici. En se penchant sur leurs parcours, on est rarement étonné de ce qui leur arrive. Au contraire, nous pensons qu’ils sont même très solides et tiennent plutôt bien le coup.

Pour ces cinq là : trois sont issues de familles séparées et recomposées dans des conditions parfois difficiles. Pour les deux autres, pas de séparation mais une absence certaine du père dans l’éducation. Les mères (ou belle-mère pour l’un des enfants) sont dans l’ensemble assez investies mais ont des difficultés à faire face. Ce sont souvent elles qui travaillent et elles ne peuvent dans le même temps assurer la surveillance de leurs enfants. Quatre d’entre eux sont souvent dehors sans présence adulte, quelquefois assez tard et traînent avec les plus grands déjà dans la délinquance. Il faudrait absolument aider ces femmes qui se battent au quotidien pour que leur enfant s’en sorte.

Et ce n’est certainement pas en les culpabilisant ou en leur coupant les allocations familiales que ces problèmes vont se régler.

J’ai reçu longuement les cinq familles concernées. Je n'ai vu que les mères obligées de venir avec les petits frères ou soeurs. Elles sont attentives, compréhensives et pleines de bonne volonté.

Les pères ont-ils démissionné de leur rôle éducatif ou les a-t-on licenciés?

L'école ne règlera pas les problèmes de société.

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Commentaires
C
Oui. <br /> Il est probable que ces enfants s'endurcissent et s'enferment dans ce type de comportement qui n'est pour moi que le signe visible de leur souffrance, leur désaroi. Un enfant qui n' a pas de limites (par défaut d'éducation du père, par exemple, pour X raisons) , cherche constament cette dernière, le "non" de l'adulte. <br /> Alors, ils vont continuer combien de temps ainsi ???<br /> Je suis perplexe quand vous dîtes que ces signalements ne donnent lieu à aucune suite. Même pas une enquête de type "recueil de renseignements socio-éducatifs " ? <br /> Le problème est bien là: on ne fait pas de prévention. Pas de bugdet....<br /> Et à 16 ans, quand ces enfants, devenus adolescents, délinquent, hop un dossier au pénal, un éducateur de la PJJ...Mais bien souvent, nous ne pouvons que ramasser les débrits cassés. On fait du bricolage.<br /> Tant que la société n'aura pas compris que la prévention est une solution payante, on n'avancera pas. <br /> <br /> Il y a avaient-ils autant d'enfants fragilisés quand vous avez commencé ce travail ???<br /> <br /> La société n'est plus contenante, sécurisante. On ne peut pas effectivement traiter ce problème à partir de l'éducation nationale seule. C'est bien par la politique du logement, du travail, de la Prévention spécialisée .....que les choses pourront un jour se modifier. <br /> En attendant NOS enfants souffrent. Mais bon ce n'est pas grave, ce sont ceux de mes voisins!
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