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Le quotidien d'un directeur d'école
9 octobre 2007

Harcèlement

Ce semble être le mot à la mode pour aujourd’hui. Pour commencer, le récit par une collègue de l’entrevue la veille au soir avec la maman de son charmant bambin. Arrivé à la rentrée en classe de CE1 avec un niveau très faible, il s’attaque à tout ce qui bouge, frappe, bouscule, fait tomber les autres enfants et même , c’est nouveau, mordu un camarade de jeu. Incapable de se tenir à sa place en classe, il va embêter les autres, parle à tort et à travers et abime systématiquement son matériel et celui des autres élèves.

Nous avons déjà rencontré la maman, lui avons conseillé une prise en charge extérieure et expliqué pourquoi nous devions quelquefois l’isoler pendant les récréations et le sortir de la classe. Elle l’avait admis certes difficilement mais semblait aller dans le même sens que nous. Puis virage à 180 degrés, c’est essentiellement de notre faute car nous lui en voulons personnellement, nous ne l’aimons pas, nous le punissons continuellement sans raisons et l’empêchons donc de progresser. C’est du harcèlement, nous a-t-elle dit et elle va de ce pas contacter l’inspection académique. Aujourd’hui, il n’est pas là, coïncidence ou réaction ?- ce fut un grand bonheur pour la maîtresse, la classe et les récréations ! Mais il va falloir faire beaucoup de chemin avec cette maman !

Deuxième cas de harcèlement. J’appelle le père d’un élève dont la classe doit partir en classe de neige. La famille n’est pas venue à la réunion et nous ne savons toujours pas si cette enfant doit partir ou non. Il m’agresse aussitôt en m’accusant de harcèlement ! J’ai beau luii expliquer que l’enseignant n’a pas eu de réponse et moi non plu, il n’en démord pas et assure que quand il a dit non, c’est non. Je lui propose bien de nous rencontrer pour en parler mais cela ne fait qu’attiser sa colère. De quel droit, me reproche-t-il, vais-je lui dicter ce qu’il doit faire ? Ce n’était bien sûr pas mon propos. Puis il raccroche sans autre forme de procès sans toutefois me menacer des foudres de l’inspection.

Ce qui n’est pas le cas d’une mère d’un élève de CE2 qui m’agressa à l’heure de la sortie devant tous les parents qui n’en perdirent pas une miette. J’eus beau lui proposer de venir discuter au bureau, rien à faire. Là aussi, nous étions particulièrement injustes avec son fils et notre hiérarchie allait en avoir des nouvelles. Et pourtant, quelle patience nous avons pour cet enfant particulièrement difficile arrivé chez nous à la rentrée de l’an dernier. Bien évidemment ,nous avions souvent rencontré la mère, le père aussi séparé de sa femme, et avons tout de même avancé un peu. Mais que d chemin à parcourir encore. Surtout si quand nous avançons de trois pas, il nous faut reculer de deux. . .

Cela interpelle également sur le vécu de ces parents qui ont sans doutes beaucoup de choses à reprocher à l’école dans leur propre vie. C’est assez facile à admettre pour des enseignants expérimentés qu’il faut prendre du recul , ne pas se sentir attaqué personnellement mais comprendre que c’est l’institution toute entière et au-delà qui est visée à travers nous. Mais pour les débutants, c’est assez douloureux à vivre. Alors qu’ils sont, et c’est très bien, très bienveillants avec leurs élèves, très à l’écoute.

Sans pouvoir faire des statistiques, il me semble que ce type de comportement de la part des parents me semble en hausse importante cette année. Souhaitons que je me trompe.

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Commentaires
M
urgent, best seller et pas pour rien :<br /> http://www.travailleravecdescons.com<br /> amicalement
A
Il y a deux ans j'ai été accusée de harcélement parce que j'avais obligé un élève à travailler et c'est vrai que ça fait un drôle d'effet... J'ai été innocenté par l'inspectrice mais c'est quand même hallucinant d'avoir à se jusifier
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