Gifle, médiatisation, médiation et remédiation
De ce fait divers récent, aux réactions disproportionnées, que peut-on en dire? Bien évidemment les élèves n'ont pas à insulter leur professeur. Bien entendu, les professeurs n'ont pas à utiliser de châtiment corporel quel qu'il soit.
Quel est la part de la formation consacrée à réagir face à ce type de problème, Aucune. Quelle est l'écoute de l'administration quant aux souffrances de certains professeurs confrontés quotidiennement à ce type de réactions de la part d'élèves? Très insuffisante.
J'ai actuellement dans mon école quelques cas d'enfants extrêmement difficiles pour lesquels ce type de passage à l'acte pourrait malheureusement s'effectuer. Nous n'avons aucune aide supplémentaire depuis le début de l'année. Tout juste devrait-on voir arriver une personne, actuellement en précarité, en contrat aidé sans aucune formation pour travailler dans une école. Nous l'attendons depuis début novembre, l'inspection académique et l'A.N.P.E se renvoyant la balle.
Nous n'avons pas non plus les postes qui permettraient d'avoir des classes moins chargées et de mieux faire face aux difficultés. Il va falloir encore nous mobiliser pour obtenir pour l'an prochain le poste indispensable pour faire face à l'augmentation du nombre d'élèves.
Dans les collèges et lycées professionnels les moyens sont largement insuffisants en terme de surveillant et CPE.
En équipe pédagogique, nous avons réfléchi à mettre en place un protocole pour éviter d'en arriver à un stade ou obligatoirement les choses peuvent basculer et entraîner des réactions disproportionnées d'un côté comme de l'autre.
Les enfants reconnus difficiles sont mis sous contrat de comportement et sont envoyés dans la classe de leur tuteur en cas de problème. Il ne s'agit pas d'une sanction mais d'un éloignement temporaire qui permet à la classe de retrouver sa sérénité et qui permet de dégonfler les conflits et de prendre du recul.
L'élève exclu n'est pas accueilli par son tuteur comme un "puni" mais comme un élève dont il a la charge, qu'il doit entendre et avec qui il aura un dialogue permettant de faire comprendre à l'enfant pourquoi il en est arrivé là.
Ce dispositif fonctionne plutôt bien. Il nous a permis de finir l'année dernière sans avoir eu à déplorer de graves incidents alors que nous avions à gérer un nombre important d'élèves hautement perturbateurs. Pour ceux que cela intéresse, reportez-vous aux chroniques de l'époque.
Il nous permet cette année de régler quelques situations difficiles et de faire progresser ces élèves.
Pour finir, j'ai le souvenir d'une collègue, il y a déjà un bon moment, qui s'était permise d'insulter, d'humilier et de frapper un élève en public devant toute la classe et qui n'a jamais été inquiétée malgré la plainte déposée par la mère.
Malheureusement l'enfant n'avait pas un père gendarme.
En ce qui me concerne, il m'est arrivé très rarement (deux fois) de donner une claque à un élève au tout début de ma carrière. Il s'agissait à chaque fois de gifle-réflexe répondant à une insulte d'un élève se trouvant très proche de moi. Je l'ai bien sûr regretté. Je ne l'aurais pas donnée si j'avais été plus expérimenté et si j'avais eu à faire quelques pas pour m'approcher de l'élève. Je ne les aurais sans doutes pas données si j'avais eu au cours de ma formation à réfléchir et à anticiper sur ce genre d'incident auxquels je n'étais absolument pas préparé.
Pour la petite histoire, cela n'a pas empêché l'une des élèves concernées de devenir professeur.
Je soutiens tout à fait ce collègue et comprend tout à fait ce qu'il doit ressentir. J'espère que son administration, ses supérieurs hiérarchiques le soutiennent complètement.
Pour une fois, notre ministre a eu une bonne réaction. Reconnaissons-le, c'est si rare.