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Le quotidien d'un directeur d'école
6 mars 2008

Nouveaux programmes et vieilles lunes

Les nouveaux programmes sont arrrivés.

C'est un peu comme le beaujolais. On va bientôt en avoir une nouvelle livraison chaque année.

Des nouveautés? Quelques unes: un heure de plus d'EPS (Education Physique et Sportive) déjà annoncée au début de l'année, une heure d'histoire de l'art et deux heures en moins sur toute la semaine. Voilà pour les plus grands changements.

Pour le reste, il parait que l'on va apprendre à lire, à écrire et compter! La grande découverte...

Je me demande bien ce que j'ai pu faire toutes ces années? Mes collègues également. Ou alors nous étions le petit village gaulois qui résiste à l'envahisseur, la dernière école qui faisait du calcul mental, de la lecture sans méthode globale, des rédactions que nous appelions, on ne peut pas être parfait, expression écrite, etc. Autour de nous, les autres écoles devaient consacrer leur temps à faire de la danse  folklorique, des promenades, des jeux en tout genre, des fiches de cuisine et du tricot.

Soyons un peu sérieux.

A ne pas vouloir analyser les difficultés réelles que nous rencontrons, je ne vais pas les nier, j'en parle assez ici,

à refuser de voir les disparités locales dues à l'environnement socioculturel et à l'appartenance aux différentes catégories socioprofessionnelles, (le fameux donner plus pour ceux qui ont moins)

à penser que seule la volonté et davantage de travail suffiront à aider les élèves en grosses difficultés : les heures proposées le soir pour remplacer les deux heures supprimées pour les enfants chaque semaine,

donc à nier tout déterminisme social, nous allons droit dans le mur

J'ai souvent entendu ces discours tout au long de ma carrière y compris parfois à gauche. je n'ai pas vu les changements promis bien au contraire.

J'ai déjà eu l'occasion de dire que débutant dans une banlieue ouvrière dans les années soixante-dix, à l'époque du plein emploi, du logement acceptable pour presque tous, des familles non décomposées ou très peu, des valeurs transmises par la société, la télévision et les familles autres  que l'argent roi, la réussite facile et la fascination pour les pipoles, les classes étant plus chargées, les élèves apprenaient à lire très facilement alors que je n'étais qu'instit débutant.( Pour mémoire, la méthode globale avait déjà disparu!!!)

Quelques trente-cinq ans plus tard, des enseignants confirmés, expérimentés, avec moins d'élèves peinent à longueur d'année et obtiennent des résultats peu satisfaisants. Et pourtant ils consacrent l'essentiel de leur temps à esayer d'apprendre à lire, à compter et à écrire à ces enfants.

Je suis consterné de voir que pendant toutes ces années, le discours des politiques n'a pas changé.

Pleurons sur les vielles lunes. Mais dans ce cas, rétablissons les conditions d'existence qui existaient à cette époque. Je suis d'accord pour le plein emploi, des conditions de logement décentes, des enfants non détruits par les conflits de leurs parents, un télévision éducative à des heures raisonnables, etc..

Et arrêtons de penser que l'école va régler les problèmes de la société. Elle ne peut, dans le meilleur des cas, que s'adapter aux difficultés nouvelles qui surgissent  presque quotidiennement.

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Commentaires
M
Belle réflexion ! J'adore, j'adhère :o)<br /> Je regrette simplement que nos dirigeants ne suivent pas le même raisonnement ni la même logique que vous...
C
Et les stages de soutien cm?<br /> Comment ça s'organise par chez vous?
T
D'après Bentolila, c'est quasiment joué en dernière année de maternelle, puisque certains gamins possèdent un lexique deux fois plus étoffés que leurs petits camarades !<br /> La solution ? Je crois qu'il n'y a pas vraiment ...Il faudrait réduire drastiquement le nombre d'enfants par classe, mais je ne sais pas si ça suffirait ...difficile de lutter contre l'environnement socio-culturo-familial !
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