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Le quotidien d'un directeur d'école
6 janvier 2006

Absence de repères

Jeudi soir, un petit garçon inquiet à la sortie de l’école. Personne n’est venu le chercher. Ce matin, il était en retard et est venu accompagné par sa maman qui ne m’a laissé aucune consigne particulière..

           Je le félicite de ne pas être parti tout seul et d’être venu me voir. Aucun mot sur le cahier de correspondance. Je le mets dans la cour avec les élèves d’étude. Il restera « scotché » à la grille espérant vainement voir arriver une tête connue.

A la fin de la récréation, j’essaye de téléphoner : le portable de la maman est sur répondeur et je lui laisse un message. La tante jointe également ne peut venir le chercher, elle travaille et ne peut se libérer. Je le laisse donc sous la responsabilité des enseignants de l’étude.

Il sera effectivement récupéré à la fin de l’étude soit une heure et demie après son heure théorique de sortie.

Le lendemain matin, il arrive de nouveau en retard, seul cette fois. J’appelle la maman pour en connaître les raisons. Elle me dit avoir du mal à se réveiller. Elle me demande également de garder son fils à l’étude. Je lui explique longuement que l’étude n’est pas une garderie, qu’un enfant inscrit doit rester chaque jour du mois. Elle confirme son intention de l’inscrire dès le soir même. J’en préviens la maîtresse.

Dans le cours de la matinée, nouveau coup de téléphone de la maman qui me demande un rendez-vous avec la maîtresse et moi-même le lendemain. L’enseignante en étant d’accord, va pour le rendez-vous. J’ai senti au ton employé qu’elle semblait assez fâchée !

Dans l’après-midi, nouveau coup de téléphone : de la tante –une deuxième- qui souhaite récupérer l’enfant à quatre heures pour préparer une fête. Elle n ’est pas au courant de l’inscription à l’étude. Sa sœur lui a simplement dit qu’ « à l’école, on lui prenait la tête ».

Je propose à cette femme de venir me voir à quatre heures, nous déciderons comment faire.

A quatre heures, la tante arrive, plutôt remontée. Elle ne comprend pas qu’on puisse ne pas lui confier l’enfant, elle dit vouloir le récupérer dans son intérêt : elle lui avait promis de préparer cette fête avec lui – il s’agit du noël orthodoxe- J’en conviens tout çà fait mais nous essayons de lui expliquer, la maîtresse et moi les règles de fonctionnement d’une école.

Ce sera difficile. C’est un vrai moulin à paroles. Elle nous explique la situation difficile de la maman seule pour élever son fils et devant travailler à des horaires variables. Nous aurons du mal à lui faire comprendre que seul l’intérêt de l’enfant nous guide et qu’il serait important dans son cas de lui donner des repères stables.

  Après un coup de fil à la maman pour s’assurer de son accord, elle repartira avec son neveu et nous essaierons de régler tout ça le lendemain.

D’après la maîtresse, cet enfant a du mal à appréhender la réalité, a de grosses difficultés à rentrer dans les apprentissages et à vivre ailleurs que dans l’imaginaire.

(à suivre)

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