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Le quotidien d'un directeur d'école
12 janvier 2006

Inspection

Quand va-t-on réformer cette forme d’évaluation du travail des enseignants qui ne ressemble plus à grand chose ?

Nous sommes inspectés à peu près une fois tous les quatre ans, voire plus. La note qui est attribuée à cette occasion doit se situer dans une fourchette qui correspond à notre échelon, donc à notre ancienneté. La note dépend donc de l’âge, sauf cas exceptionnel pour lesquels la note peut être baissée, mais c’est très rare.

Pour les enseignants, c’est une situation infantilisante. Quand j’ai débuté, il y a un sacré bout de temps, nous n’étions pas prévenus de l’arrivée de l’inspecteur(trice). Nous scrutions chaque matin, le parking de l’école dans la hantise de voir un véhicule inconnu, surtout les jours où exceptionnellement nous n’avions pas vraiment préparé comme il doit, notre journée de travail.

Les années ont passé, et maintenant, notre supérieur hiérarchique direct nous prévient environ une semaine à l’avance. Nous nous devons de remplir un questionnaire pour situer notre façon de travailler, nos attentes et nos difficultés.

L’inspection dure en général une heure, une heure et demie, suivie d’un entretien. Le rapport écrit nous parviendra plus tard : de quelques semaines à plusieurs mois, voire d’années, selon les inspecteurs.

Quid du travail en équipe, de l’implication de l’enseignant dans l’école ?

Je me souviens en 1986, avoir demandé une inspection de groupe car je travaillais avec une collègue sur une pédagogie innovante. C’était une révolution à l’époque, même si les textes le permettaient. Vingt ans après, cela n’existe toujours pas dans les faits.

En général, l’inspecteur(trice) n’est plus au contact des élèves depuis un bon bout de temps, ni des réalités du terrain qui changent – évoluent, régressent- très rapidement.

De plus, ils ou elle représente l’interface entre les vœux de l’inspecteur d’académie qui lui-même relaie l’opinion des hauts fonctionnaire du ministère et la parole du ministre et les acteurs du terrain " experts du quotidien " confrontés au réel et les mains dans le charbon chaque jour.

D’autre part, le peu de temps passé dans la classe ne permet pas de se faire une réelle opinion des problématiques, ni du niveau des élèves , ni des difficultés rencontrées. Ceci sans mettre aucunement en cause la compétence des inspecteurs. Seulement, l’observation est faussée par la situation hiérarchique.

Nous rêverions d’un supérieur passant une semaine dans l’école, participant à sa vie, rencontrant l’équipe pédagogique, le personnel de service, les parents et attentifs aux soucis rencontrés ne minimisant pas les problèmes, aiguillant sur des pistes de recherche et revenant quelques mois plus tard pour voir si les choses évoluent.

Des trois inspections réalisées cette année, je retiens une constante : nous ne sommes pas assez demandeurs auprès des élèves, nous mettons souvent la barre trop bas et les sous-estimons en permanence. Les difficultés scolaires viendraient donc de là. Les enseignants seraient responsables par leur manque de compétences professionnelles, leur aveuglement face aux possibilités des enfants des échecs mesurés chez nos élèves Ce doit être la dernière tarte à la crème, car c’est un discours redondant et c’est assez confortable comme analyse. Cela dispense notre administration de reconnaître le manque cruel de besoins et l’abandon insupportable dans lequel sont laissées certaines écoles de nos quartiers. Cela exempte l’état de ses responsabilités dans l’existence des ghettos urbains, dans la montée du chômage et de la précarité et dans l’abandon de toute une frange de la population. Pourtant, les récents événements devraient inciter à plus d’humilité et de reconnaissance pour ces personnels qui consacrent une bonne partie de leur vie à vouloir que les choses changent pour ces gamins.

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