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Le quotidien d'un directeur d'école
17 mars 2006

Signalement ?

Rien n’est jamais acquis…. Une de nos élèves transgresseurs, qui s’était bien calmé, vient de nouveau de faire parler de lui.

Alors qu’il avait été puni par son enseignant et confié à un collègue, il a refusé de suivre celui-ci. Après plusieurs demandes, le maître a voulu l’empoigner pour le faire rentrer en classe. Il s’est alors débattu et a donné un coup de poing à ce professeur.

Ce genre de mésaventure pourrait faire la une de journaux. Ils en sont très friands. Nous aurions eu droit au couplet incontournable sur la démission des parents, le rôle néfaste de la violence à la télévision, j’en passe ( des lieux communs) et des meilleurs.

Les choses sont souvent malheureusement plus compliquées que cela. Vous l’avez sans doutes remarqué aussi.

Sans faire de la psychologie de bazar, je sais tout de même que cet enfant a vécu ses sept premières années dans un climat très violent. La mère a fini par quitter le père alcoolique après une nième bagarre, au couteau celle-ci, qui a vraiment failli mal tourner.

La mère a souvent du faire face, seule, aux difficultés d’élever trois enfants. C’est la cinquième année que celui-ci est avec nous. Nous avons réussi à obtenir de la mère des démarches pour une prise en charge thérapeutique depuis seulement neuf mois.

Cette année, il n’a pas eu de chance et s’est retrouvé dans une classe dont la maîtresse s’est absentée dès le début de l’année pour des problèmes de grossesse qui ne se passait pas trop bien puis pour un congé de maternité. Les remplaçants se sont succédés dans cette classe qui n’était pas très facile à gérer. Actuellement, c’est un professeur débutant qui a la classe en charge. Pas facile, sans expérience, d’appréhender ce type de problème. On navigue souvent à vue et il y a tellement de choses à gérer qu’il est difficile de prendre en compte des problèmes spécifiques tels que celui-ci. Et même, est-il vraiment dans nos cordes et de notre ressort de traiter ce type de situation ?

Pour arranger le tout, la mère a accouché récemment d’une petite sœur, d’un autre père. Ce qui ne va pas aider vraiment à clarifier la situation.

Malgré tout, cet enfant a tout de même progressé. Beaucoup moins de problèmes de violence, moins d’opposition et des bribes de travail, lui qui refusait catégoriquement de travailler. J’entends malgré tout des échos venus du dehors qui ne sont pas à son avantage. Il semblerait que le milieu extérieur et ses fréquentations puissent lui attirer de nombreux ennuis.

La question maintenant est celle du signalement à l’administration. Nous devons le faire pour ce type d’incident. Notre inspecteur décide alors de faire suivre au parquet, le juge pour enfants, et à la police, la brigade de mineurs.

Après avoir rencontré la mère, je ne sais trop quoi penser. Sachant que des mesures éducatives, si elles étaient prises, ne le seraient pas avant au minimum six mois tellement les demandes sont nombreuse et les personnels de l’Aide Sociale à l’Enfance ainsi que les éducateurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse sont en nombre notoirement insuffisants.

Peut-être allons-nous continuer à traiter ce problème en interne. Le maître agressé reconnaît lui-même que le coup porté était involontaire. De plus, c’était sans doutes une erreur d’aller au contact physique alors que cet enfant était en état de crise . Nous avions d’ailleurs défini en conseil des maîtres un protocole à suivre dans ce type de situation.

Mais il faut malgré tout marquer le coup car ce genre de réaction est tout de même très grave et ne doit pas rester impuni. D’autant plus, que cette scène a bien évidemment eu des témoins.

La nuit porte conseil, nous allons y réfléchir.

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