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Le quotidien d'un directeur d'école
8 novembre 2006

« Syndicat, caca… »

Pour reprendre une expression tirée d’un sketch de Coluche. Qui nous manque beaucoup, surtout en ce moment, se doit-on de rajouter à chaque fois qu’on le cite.

Reprenons depuis le début : lundi, je fais circuler la proposition d’une demi-journée syndicale sur le temps de travail en demandant qui s’y inscrit. Retour de la feuille  7 réponses positives sur les 20 possibles : les enseignants, le directeur et le rased.

Mardi matin : une collègue, militante depuis toujours, demande à écrire sur le cahier de liaison qui circule dans toutes les classes deux fois par jour. En termes très mesurés, elle s’étonne du peu de participation des collègues à cette demi-journée, précise qu’il s’agit d’une information sur le temps de travail, proche géographiquement et acquise de haute lutte par les syndicats. Elle dit qu’elle est quelque peu démoralisée devant autant d’apathie, d’indifférence Acquis qu’il serait dommage de perdre mais écrit-elle,  la liberté syndicale ne s’use que si l’on ne s’en sert pas.

Retour du cahier. Peu de commentaires : un seul, « tu as raison » d’une des collègues toujours impliquée. Quelques réflexions que me rapportent les femmes de service  du genre « chacun fait ce qu’il veut »et « toutes les opinions se valent ».

Pas de débat non plus en salle des maîtres.

Nous sommes , cette collègue et moi, atterrés par cette absence de réaction. D’autant plus que dans ce cas, le clivage est très net entre jeunes collègues et enseignant plus âgés et plus chevronnés : ceux qui ont connu toutes les luttes qui nous ont permis de voir s’améliorer les conditions de travail de nos élèves. Justement celles qui sont remises en cause presque quotidiennement. Si encore, tout était rose et pour le mieux dans le meilleur des mondes, on pourrait comprendre qu’il n’est pas nécessaire de se mobiliser mais pour ceux qui suivent ces chroniques régulièrement, on voit bien que la tendance est carrément à l’opposé.

Faut-il, comme le préconise une candidate à la candidature, rendre obligatoire l’appartenance à un syndicat. Et comment faire pour que nos jeunes collègues, certainement formatés par un discours dominant, puissent voir un peu plus loin que leurs préoccupations personnelles.

Peut-être sommes-nous des dinosaures en voie de disparition ?

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Commentaires
K
D'accord sur le fait que tout le monde devrait avoir des conditions de travail acceptables. Je suis d'accord aussi sur le fait de réviser mes idées sur les privilèges des fonctionnaires (ou, tout au moins, d'essayer) mais ne pourrait-il pas y avoir de vraies discussion de fond avant de prendre les usagers (je déteste ce mot, je préfére celui de clients, mais je comprends bien qu'il ne peut s'appliquer à l'éducation nationale) en otage. Maintenant, j'ai conscience aussi que l'Etat joue sur la lassitude des usagers/clients... vis à vis des syndicats. Il faudrait réellement, de part des d'autres, des efforts conssentis et une réelle formation à la négociation.
H
Bonjour,<br /> <br /> Difficile de ne pas dégainer en lisant cela! Je suis instituteur, directeur adjoint d'école et ne me considère pas comme un privilégié. Je pense, par contre, que beaucoup d'autres métiers devraient être revalorisés. Avoir des conditions de travail acceptables (selon vous, car moi je ne suis pas d'accord) n'est pas un privilège et tout le monde devrait y avoir droit, <br /> <br /> Marre du discours des syndicats, peut-être mais marre aussi de toutes ces idées reçues sur les "privilèges" des enseignants, les congés payés, les grèves payées, etc... Ce ne sont pas tant des idées reçues que ça. C'est en fait le reflet du discours de certains politiques qui sème la discorde pour mieux régner et mettre en place un système hyper libéral qui nous bouffera tous, vous aussi!<br /> <br /> Merci pour le témoignage de Gigi qui montre bien les dégâts que font ce genre de propos et dans quelle mesure ils sont infondés. Il faut en finir avec cette bartaille du privé/public qui arrange bien ceux qui en tirent les marrons du feu!<br /> <br /> Cordialment
G
"les fonctionnaires sont des privilégiés."<br /> <br /> Je le croyais jusqu'à ce que j'épouse l'un d'entre eux:<br /> <br /> "augmentation de salaire régulière": moins que l'augmentation du coût de la vie et quasiment impossible de travailler plus pour gagner plus.<br /> <br /> "avec une retraite assurée": Une retraite qui risque d'être vraiment basse car beaucoup, passé 65 ans, ne peuvent plus tenir le coup et doivent donc partir avec une retraite de bas niveau.<br /> <br /> <br /> bien sûr, les fonctionnaires français sont des privilégiés par rapport à des milliards de gens qui rament dans la vie. Mais bon, 10000 francs par mois pour un bac+4 qui exerce une profession dont les membres ont le plus de probabilité de se retrouver à l'hopital psychiatrique...
K
perso, j'en ai marre du discours syndical dominant. Mais il est vrai que je ne travaille pas dans la Fonction Publique.<br /> J'ai plutôt envie d'un vrai dialogue (je suis dans les RH) avec des avancées régulières dans les domaines de la formation, de l'évaluation, de la GPEC et...c<br /> Maintenant, par rapport à la Fonction Publique, quand l'école de mes enfants fait grève, je ne êux pas alors travailler et travaillant en "libéral", je perds une journée de travail. Je précise que travailler ainsi n'est pas un choix, mais c'était ça ou le chômage. Je me sens pris en otage.<br /> Idem avec la SNCF.<br /> Voilà des gens avec une carrière programmée, une augmentation de salaire régulière, des vacances (payées, non?) et avec une retraite assurée, qui font grève. N'y a -t-il pas moyen de faire autrement? Je crois que les syndicats en France devraient aller en formation en Allemagne. Ils apprendraient beaucoup, de même que nos "hauts cadres". Mais, là, on fait du syndicalisme comme s'il y avait lutte des classes, nous voilà revenus 100 ans en arrière,alors que les fonctionnaires sont des privilégiés.<br /> J'ai donc un point de vue différent du tien. Mais j'entends le tien, qui se situe dans un contexte particulier (une "presque ZEP", si j'ai bien compris). N"anmoins, je m'étonne que dans ce contexte cette information "sur le temps de travail des enseignants" soit réalisé sur le temps de cours. Bon, je crois qu'un certain nombre d'enseignants vont dégainéer, là, même si mon but n'était pas d'ouvrir une polémique mais plutôt d'expliquer ce que peuvent ressentir d'autres personnes non fonctionnaires vis à vis des fonctionnaires et des grèves (pas forcément de l'EN).
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